La prédications aux oiseaux de Franz Liszt

Le vent hésite toujours à s’engouffrer dans nos vieilles combes limousines et, comme d’habitude, le ciel est couvert. Le soleil n’apparaîtra guère avant le midi. Il me faudra pourtant sortir pour donner leur poignée de foin aux chèvres qui réclament déjà dans leur bergerie et du grain aux pigeons dans leur volière. Sur la terrasse, les mésanges et les moineaux tourbillonnent autour de la mangeoire où je leur dépose des boules de graisse et de blé. Ce matin, le couple de mésanges à tête bleue est réapparu. Où étiez-vous donc passés ? C’est encore un peu tôt pour faire le nid !

Dans la cheminée, les braises de la bûche de frêne passent au jaune vif et, de temps à autre, une flammèche bleue s’en échappe, comme affolée. Les bois de la maison craquent de partout mais leurs gémissements ne troublent guère Adèle, notre vieille chatte, enroulée sur l’antique tricot de laine que m’avait tricoté ma mère, jadis, pour accompagner mes travaux de jardin.

Au piano, Anne-Marie Dubois s’est plongée dans l’univers de Franz Liszt. La prédication aux oiseaux de Saint François d’Assise. J’aime bien l’approche de Leslie Howard (Hypérion) bien qu’elle soit parfois un peu lourde comme souvent les productions américaines. Mais je préfère bien celle d’Anne-Marie Dubois (Electra). Légère et aérienne. Inspirée sans aucun doute du mysticisme du Liszt retiré dans son monastère romain. « Vous autres, en Europe, me reprochait-elle de son affreux accent lorsque nous nous sommes rencontrés au fond de son Québec, vous ne jurez que par les baroqueux et leur Mozart. Moi, je préfère bien les Schubert, Chopin, Brahms, Schumann ou Liszt. Des romantiques qui ont au moins du cœur dans la tête. » Ce matin, j’ai du cœur avec les rouges-gorges, les merles et les mésanges. ( © Roland Bosquet)