Andrée Chédid s'en est allée
Hier, Madame Andrée Chédid s’en est allée. Les dictionnaires ne manqueront pas de préciser : 1920-2011, femme de lettres française née au Caire et d’origine libanaise. Ce sera, bien entendu, trop court. Il faudra dire sa gentillesse et sa patience envers ses visiteurs intimidés et ses colères flamboyantes face à la bêtise. Il faudra dire qu’il y avait du chrétien chez elle et de la charité sincère envers l’homme et une grande confiance en la face claire qui habite chacun et en la vie. Elle fut romancière (Le sommeil délivré, le sixième jour, la marche de sable, la maison sans racines). Elle fut auteur de théâtre. Elle fut surtout poète. Une poésie d’une infinie richesse sous l’accueil simple des mots. Une poésie ouverte et immédiatement accessible mais qui laisse longtemps encore son empreinte dans l’esprit et le cœur. Une poésie de Vie. (© Roland Bosquet)
Pour le souvenir d’elle, un texte mis en lecture l’été dernier sur http://roland.bosquet.free.fr.
Je te donne trois mouettes
La pulpe d’un fruit
Le goût des jardins sur les choses
La verte étoile d’un étang
Le rire bleu de la barque
La froide racine du roseau
Je te donne trois mouettes
La pulpe d’un fruit
De l’aube entre les doigts
De l’ombre entre les tempes
Je te donne trois mouettes
Et le goût de l’oubli.
(Extrait de "Textes pour un poème"/ Flammarion/ 1950)