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Chroniques d'un vieux bougon
18 février 2011

Musique celtique

 Les bonimenteurs de France-Musique ont souvent tendance à imposer un cours de solfège ou de composition à leurs auditeurs. Hier, alors que je me rendais comme chaque jeudi ou presque à la Grande Médi@thèque de la Ville, il s’agissait d’une étude approfondie du "Désespoir de Tircis", l’aimable pastorale composée au dix-septième siècle par Jean Desfontaines, dont l’unique titre de gloire est d’avoir été l’élève de Sainte Colombe Père. Je me devais de réserver toute mon attention à la conduite ; je changeai de station. Une voix grave et envoûtante chantait "Mna na Eirann", un chant traditionnel irlandais que l’on traduit, chez nous, par "Femmes d’Irlande".

 On peut être fou de musique dite classique pour sa capacité à faire appel à l’intelligence autant qu’à l’émotion. On peut être fou de musique dite classique pour la richesse de sa diversité depuis les joueurs de viole de Marin Marais jusqu’à Pascal Dusapin, pour ne citer que les Français. On peut être fou de cette musique et tout autant apprécier la musique traditionnelle irlandaise. Lorsque j’entends les voix de Laura Powers ou de Fiona Joyce, lorsque j’entends justement Armelle Gourlaouën jouer Femmes d’Irlande sur sa harpe celtique, je suis transporté sur cette "verte terre d’Eirann", si rude et si fascinante. Ensorceleuse. Écoutez Karen Matheson chanter "Tighinn air a’mhuir am fear a phosas mi" et vous êtes en l’an 630, alors que les disciples de Patrick l’évangélisateur ne sont pas encore parvenus à rejeter les druides celtes dans leurs sombres forêts et que les bardes racontent encore la longue généalogie des rois des Uí Cuileann ou autres Eóghanacht Áine. Vous êtes au milieu du petit peuple qui ploie sous le joug des Normands qui, depuis Hastings, règnent sur les bords de la Tamise. Vous souffrez avec les petits paysans sous Cromwell ; vous mourez de faim sous le regard impavide de l’Anglais au dix-septième siècle et vous émigrez avec des milliers d’autres vers les Grandes Terres d’Amérique au dix-neuvième. Grâce à quelques airs dits folkloriques, vous revivez l’histoire tragique d’un peuple et d’une terre.

 Et cette voix inconnue qui chante "Mna na Eirann" m’évoque ces paysages. Les arrangements musicaux sont certes plus proches de ce que l’on appelle communément la musique de variété. La voix n’a pas la pureté de celle de Gillian Mackenzie lorsqu’elle chante "Duthaich mhicaoidh", mais elle en possède les contours veloutés et la profondeur charmeuse. Lorsque les silhouettes des femmes d’Irlande  s’évanouissent dans les brumes des tourbières et juste avant de lancer la publicité, l’animateur précise que c’était Nolwenn Leroy qui chantait. Peut-être pourrai-je emprunter son disque à la Médi@thèque ?   Roland Bosquet)

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