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Chroniques d'un vieux bougon
24 février 2011

François Reynaert

 Au début, il y a les Celtes. Ils ont essaimé du nord au sud de l’Europe et se battent entre’ eux en paix. Puis, un jour, contre l’avis de Diodore de Sicile mais avec la complicité des Romains, ils deviennent des Gaulois. Deux mille et quelques années plus tard, François Reynaert publie un pavé de cinq cents pages, "Nos ancêtres les Gaulois"(Éditions  Fayard), où il nous explique que ce ne sont là que billevesées. Et il poursuit son entreprise de démolition des idées reçues_les "fadaises"_ à chaque carrefour de notre histoire de France. Il nous propose un autre angle de vue.

 C’est salutaire, bien sûr. Il convient en effet de ne pas considérer ces siècles passés avec notre regard d’aujourd’hui. La perspective, inévitablement, fausse notre vision et notre jugement. Hier comme aujourd’hui, chaque hagiographe réécrit les événements selon qu’il a besoin qu’ils paraissent blancs ou noirs. L’objectivité, alors, n’était pas plus en cour que de nos jours. Elle demeurait et demeurera de tous temps un but à atteindre. Et il faudra toujours des historiens pour rétablir une vérité qui sera toujours fluctuante. François Reynaert nous explique tout cela avec force preuves et raisonnements appropriés. Il va jusqu’à débusquer un complot qui hanterait nos salles de classe et nos préaux depuis Jules Ferry. On ne se méfie jamais assez.

 Cependant, s’il s’obstine, parfois, à enfoncer son clou dans des portes ouvertes, (ce qui n’est pas aisé), il nous contraint, souvent, à nous poser des questions excentriques (dans le sens de "hors du centre"). « Est-il plus raisonnable de mourir pour la gloire de François 1er que pour la plus grande gloire de Dieu ? » (page 248). « La grande justification [de l’esclavage] se compte surtout en bénéfices sonnants et trébuchants. »(page 313). « … fauchés par une fusillade dans ces batailles [napoléoniennes] qui laissaient, au soir, 20 000 ou 25 000 cadavres. …Morts pour quoi ? Morts pour qui ? » (page 406) En fait, j’apprécie surtout son parti pris de relire l’Histoire avec un regard pragmatique. Michelet défendait les "gens de peu", les petits et les humbles et son propos se chargeait d’idéologie. François Reynaert nous expose les faits dans leur matière brute. Songez, dit-il en substance au sujet du grand Roi Soleil dont nous sommes si fiers, songez qu’avant qu’il ne pousse son dernier soupir, trois générations de paysans étaient mortes de faim et d’épuisement pour son plus grand bénéfice ! On admire ensuite Versailles différemment.

 J’aurais cependant, maître Reynaert, un vrai reproche à vous adresser. Vous citez, au chapitre premier, les Burgondes, les Vandales, les Alamans, les Hérules. Vous auriez pu citer les Parisiens, les Arvernes, les Lexoviens, les Éduens, les Bituriges et autres Séquanes. Vous auriez pu citer, surtout, les Lémovices. Le grand Jules César lui-même précise, au livre VI de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, qu’ils furent près de dix mille à rejoindre Vercingétorix à Alésia. Dix mille, ce n’est pas rien ! Certes, il ne semble pas que leur action ait été déterminante. Elle n’a pu empêcher, en tout état de cause, la défaite de notre premier Héros National. Mais tout de même ! (François Reynaert/ "Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises"/ Éditions Fayard) (© Roland Bosquet)

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