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Chroniques d'un vieux bougon
11 mars 2011

La marche des insoumis

       Un jour, un groupe de potaches, quelque part aux États-Unis, ressent le besoin de partager des photos. Habiles en informatique, ils créent un petit réseau social qu'ils appellent "trombinoscope". Six années plus tard, les responsables revendiquent cinq cents millions de membres actifs. Joli coup! Dans le même temps, dans les Pays du Maghreb, toute une génération de jeunes hommes et de jeunes femmes accèdent au monde des adultes mais n'y trouvent pas leur place. Habiles en médias et en informatique, ils échangent à leur tour. Des mots, des souffrances, des amertumes. Et chaque jour grossit un peu plus la rumeur de leurs désespérances. Chaque jour grossit le vent de leur colères. Un matin, la mort de l'un d'entre eux déclenche soudain la révolte et cent, mille, cent mille peut-être se mettent en route. Pain et Liberté réclament leurs calicots. Cent mille calicots qui crèvent les écrans de télévision partout dans le monde. Et d'autres, là-bas, les imitent. Et d'autres ailleurs encore. Les maîtres résistent, bien sûr, et envoient leurs nervis. Mais inlassablement, la marche des insoumis résonne sur les places de pouvoir. Les barrières sautent, au propre et au figuré. Les maîtres prennent peur. L'un s'enfuit. Un autre s'incline. Un troisième résiste encore. Un dernier _ par quelle folie?_ déclare la guerre à son peuple. Ici, en Occident, on appelle ces luttes pour la Liberté, des Révolutions.

       Hier, au Céladon, le restaurant de la Grande-Médi@thèque, devant notre aréopage habituel, Chahid a rapporté d'une voix grave et retenue son parcours et celui de son peuple. Il voulait apporter un meilleur vivre aux siens, là-bas, dans sa ville, en Algérie. On le nomma à de hautes fonctions. Un jour, c'était il y a vingt ans, il se trouva pris en étau entre deux mondes rivaux. D'un côté, les bandes descendues des montagnes qui brûlaient les maisons jusqu'aux abords des villes, égorgeant les femmes et les enfants. De l'autre, l'administration corrompue d'un État moins que jamais disposé à partager les richesses accaparées par ses élites. Il dut tout quitter et fuir. Il doute, aujourd'hui, que ses anciens maîtres renoncent jamais à leurs avantages. Mais il souhaite ardemment que cette jeunesse à laquelle il aurait tant aimé continuer à enseigner, parvienne enfin à organiser son avenir dans la Liberté.

        En 1968, Guy Béart fustigeait dans son "Grand Chambardement, cette technique qui conduisait à la bombe atomique. La bombe est toujours là et nous nous sommes habitués. Mais c'est précisément cette technique diabolique qui permet aujourd'hui la propagation de ces révoltes. Chez nous, elle sert à réunir des internautes pour des apéritifs géants. A chacun sa Révolution ! (Roland Bosquet)

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