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Chroniques d'un vieux bougon
17 mars 2011

La mode des polars venus du Nord

       Le ciel est brumeux et mon humeur guère plus guillerette. Sous le regard étonné d'Adèle, je tourne en rond dans ma maison. Les nouvelles distillées par la radio et la télévision sont particulièrement déprimantes. Je ne puis empêcher l'empathie de me submerger lorsque défilent les images catastrophiques en provenance du Japon. Je ne puis m'empêcher de rugir d'indignation lorsque je constate les atermoiements des instances onusiennes au sujet de la Libye. Mais il est vrai que c'est aux Libyens de régler leurs affaires et non pas à nous. Après tout, nul n'était intervenu lorsque Kadhafi avait pris le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat. D'ailleurs, les démarches de notre Présidence ne s'apparentent-elles pas, quelque part, à une posture de rattrapage suite au ratage tunisien ? Je décide de réécouter "La Jeune Fille et la Mort" de Franz Schubert par le Quatuor Mosaïques. Le violoncelle de Christophe Coin est larmoyant à souhait et correspond tout à fait à la morosité de mon état d'esprit.

         Mais là encore, bien que confortablement assis dans mon fauteuil, je ne parviens pas à me concentrer. Les magazines se répandent en désordre sur la petite table. Une bûche a roulé dans la cheminée et dispersé des braises et des cendres sur le carrelage. Le "Chien Jaune" de Paul Gauguin accroché au mur qui me fait face penche sur la droite. Je me relève, range et nettoie. Quant au tableau du peintre de Pont Aven, il ne s'agit certes que d'une reproduction maladroite, bien sûr. Mais je la tiens d'un vieux maori qui me l'avait cédée contre une place d'avion pour les îles Huahine d'où il était originaire. Elle me rappelle donc nombre de souvenirs forts agréables et mérite amplement être redressée. Je remarque alors, posé sur le haut de la pile des livres que je n'ai pas encore lus, celui de Camilla Läckberg "L'enfant Allemand" (Éditions Actes Sud). Puisque la mode est aux polars venus du Nord, puisque le ciel est aussi noir que la couverture, puisque la dernière page se révélera sans doute aussi sombre que la partition de Schubert, j'agrippe le livre et m'installe dans mon fauteuil. "Je pars pour la Suède, dis-je à Adèle qui m'observe du coin de l'oeil, qu'on ne me dérange pas !"

          Il semble que l'auteur ait d'abord voulu écrire l'histoire des soeurs Falck. Soutenir le récit par une enquête policière est un ingénieux stratagème. L'intrigue tient ainsi le lecteur en haleine et l'oblige à se pencher sur la vie tourmentée d'une famille de la province suédoise. Je me rends rapidement compte par ailleurs que j'aurais dû commencer par les deux précédents ouvrages. J'y aurais fait connaissance avec les personnages et les situations. Mais l'ignorance n'est pas rédhibitoire et j'entre facilement dans l'univers plutôt glauque de Camilla Läckberg. Meurtres et fausses pistes s'imbriquent à merveille même si, parfois, les hasards et les coïncidences  font un peu sourire. Mais le rythme est rapide, presque haletant et entraîne facilement le lecteur jusqu'à la dernière page. On ne parle pas là de littérature, bien sûr, seulement d'un aimable divertissement mais c'est réussi. En attendant que le ciel s'éclaircisse ! (Roland Bosquet)

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