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Chroniques d'un vieux bougon
31 mars 2011

Nicolas Fargues : "Tu Verras"

        Les frondaisons du parc disparaissent dans un halo de brume. Les ramiers établis dans les sapins sont silencieux. Blottis au creux des branches, les moineaux ont suspendu leurs éternels piaillements. Les tourterelles elles-mêmes, d'ordinaire si jabotes, restent muettes. La pluie semble avoir étouffé le moindre grain de vie dans la vallée. Au piano, Wilhelm Kempff baigne l'air de mélancolie avec le premier mouvement de la sonate en ut mineur dite la "Pathétique" de Beethoven. J'achève la lecture du roman de Nicolas Fargue, "Tu Verras", (Éditions P.O.L) et j'ai l'impression que la grisaille du ciel rejoint celle du livre pour s'accorder avec mon humeur morose.

        Le R'n'B sirupeux d'Akon, dernière lubie de Clément, exaspérait son père. Son pré-ado de fils avait, selon lui, les joues encore trop rondes et l'âme encore trop douce pour prétendre entrer dans le monde des Grands. Mais un jour, c'est l'accident et la mort emporte Clément. Comme tous les pères de la terre, celui de Clément ne voyait pas son fils grandir. Ne lui restent désormais que le souvenir morbide des lâchetés quotidiennes, les remords pour les cris et les disputes, les regrets pour les absences, les retards, les oublis. Son unique excuse serait peut-être, en dépit de ses faiblesses, son si grand désir de perfection pour ce fils qui s'éloignait inexorablement de lui. Qu'au moins, il ne répète pas les erreurs de son père ! Pour celui-ci, la vie s'ouvre désormais sur un vide effrayant. Une vie qu'il va tout de même falloir meubler faute de l'habiter vraiment. Pourrait-il même y avoir une renaissance lorsque chaque jour apporte une nouvelle facette, inconnue, de Clément ? Tout devient possible au-delà de l'horreur. Les barrières sautent. L'éducation, les habitudes, plus rien ne compte.

       De nombreux pères se reconnaîtront en celui de Clément dont Nicolas Fargues nous décrit avec une si cruelle sincérité la descente aux enfers. On a beaucoup parlé, et avec raison, du livre de Michel Rostain, "Le Fils" qui vient d'obtenir le prix Goncourt de nouveau roman. (J'y reviendrai un jour prochain). Sur le thème semblable de la mort d'un fils, Nicolas Fargues signe lui aussi un roman fort et puissant. Un regret cependant. Le choix du style avec ses phrases interminables à tiroirs multiples où, parfois, le lecteur s'égare. (Roland Bosquet)

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