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Chroniques d'un vieux bougon
20 mai 2011

Cavanna, Stavinski et Schubert

       Hier, midi sonnait à l'église du village lorsqu'Hélène se présente à la porte de ma maison. "Sébastien m'a dit de vous donner le reste de mes plants de tomates", dit-elle en posant sur la table de la cuisine un plat de faïence recouvert d'un torchon. Comme je le fixe avec étonnement, elle ajoute en riant:" C'est notre manger  !"Le poulet est délicieux, rôti et doré à point. Après avoir croqué une pomme en guise de dessert, nous mettons les plants de tomates en place au potager. Pour être honnête, je devrais écrire que je me contente d'indiquer l'endroit et qu'Hélène se charge du reste. Nous sommes tout juste de retour lorsqu'une voiture pénètre dans mon courtil. Trois hommes en sortent, hilares.

       Une fois encore, mes amis du Céladon, le professeur, Jean-Paul et Porthos, me réservent leur sortie du jeudi après-midi. Ils font ainsi la connaissance avec Hélène qui décide, en maîtresse de maison, que ne sachant pas où je remise le thé, elle servira du café pour tout le monde. Réprobation unanime des trois "machos" d'opérette habitués, chez eux, à obéir au doigt et à l'oeil. En contrepartie de leur docile résignation, je leur promets mes impressions sur la prestation du mercredi soir de l'Orchestre Symphonique du Limousin.

        Le programme en était éclectique. Igor Stravinski avec sa suite de ballet "Pulcinella", un compositeur vivant (ils ne sont pas tous morts en effet !) avec le "Karl Koop Konzert" de Bernard Cavanna et le romantique Franz Schubert et sa symphonie en ut mineur appelée "Tragique". On pouvait difficilement faire plus disparate. La volonté du chef, Daniel Kawka, était sans doute de se montrer pédagogique envers les masses populaires en les orientant vers la musique contemporaine. A moins qu'il n'ait voulu démontrer ainsi la large palette de l'orchestre, au risque de dérouter l'auditeur. J'avoue à mes amis l'avoir été. On nous offrit d'abord, en guise de mise en oreille, un Stravinski hélas peu convaincant. Comme si les musiciens avaient hâte d'en arriver au vif du sujet ! On y arriva bientôt avec la partition de Cavanna. Il la présente comme une comédie pompière, sociale et réaliste. Trois mots forts qui m'auraient fait fuir vers mes terres coutumières. Je n'en fis rien, bien sûr, coincé que j'étais dans mon fauteuil en milieu de rangée et, surtout, troublé dès les premières mesures par la performance de Pascal Contetet de son accordéon. J'eus plus de mal, ensuite, à adhérer à la musique de Cavanna, certes généreuse et inventive et quelque peu, même, iconoclaste. Mais je cherche encore le but réel poursuivi par le compositeur. Il tenta, en préambule, de nous donner quelques pistes mais ne nous offrit que des explications techniques. Et c'est bien là l'impression qui me reste d'une fabrication intellectuelle et professorale. Mais peut-être est-ce dû à mon cruel manque de culture en la matière. Hormis Pascal Dusapin, j'ignore encore trop les créations d'aujourd'hui.

           Je retrouvai l'Orchestre Symphonique que je connais avec le romantisme de Schubert. A la direction des plus grands orchestres, Les Lorin Maazel ou Nikolaus Harnoncourt ont bien sûr gravé cette oeuvre avec sensibilité, éclat et somptuosité. Mais il serait injuste de jauger la prestation de celui du Limousin à cette aune. Il sut, mercredi soir, transmettre avec brio le génie et les émotions du compositeur. Les applaudissements du public démontrèrent, en tout état de cause, sa satisfaction. (Roland Bosquet)

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