Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chroniques d'un vieux bougon
6 juin 2011

Pleuvra ? Pleuvra pas ?

       Le doute n'est plus permis. Le ciel est gris mais il ne pleuvra pas ! L'incertitude planait encore hier. La charmante jeune femme qui s'évertue, plusieurs fois par jour, à transmettre au téléspectateur les prédictions des météorologues, avait annoncé de possibles averses d'orage sur le Centre de la France. J'avais remarqué qu'elle avait utilisé le terme de possible et non celui de probable. Ce en quoi elle montrait une grande prudence. En effet, le Limousin étant situé entre le nord et le sud de l'exagone, personne ne sait jamais où le situer sur une carte. Jean de La Fontaine déjà, en son temps, avait été bien étonné de découvrir au détours de son exil ces petits paysans noirauds baragouinant un charabia incompréhensible pour un courtisan de Paris. Le ciel, aujourd'hui encore, est aussi désemparé que le fabuliste. Fait-il beau au nord ? Le Limousin fait partie du sud ! Fait-il beau uniquement au sud ? Le Limousin s'inscrit au nord ! Mais même lorsque le ciel se fait soudain clément avec le Lémovice et lui envoie quelques gouttes de pluie pour palier autant que se peut à l'état de sécheresse qui perdure maintenant au-delà du raisonnable, la topographie des lieux se joue encore du pauvre bougon qui guette l'horizon avec anxiété. La brise se lève et secoue les futaies. Des nuages approchent, énormes et boursouflés comme des pâtisseries viennoises mais encore d'une blancheur lumineuse. Mais ils se grisent bientôt. Un grondement sourd ébranle l'air. Est-ce le tonnerre ou un avion low-cost  qui décolle de l'aéroport situé non loin de là ? J'ai l'impression d'avoir aperçu un éclair. Le grondement reprend, long et continu, et c'est un véritable vent d'orage qui empoigne la cime des arbres et les tord en tous sens. L'espoir de sentir enfin une goutte de pluie sur mon front chenu prend corps. Les éclairs se multiplient et l'écho de leurs déflagrations fait trembler Adèle, ma chatte. Les oiseaux se terrent au creux des branches. Les tourterelles elle-mêmes se taisent. Assis dans mon fauteuil de rotin sous l'auvent de ma terrasse, je contemple le ciel qui, c'est sûr, va libérer bientôt d'un coup toute la pluie accumulée depuis tant de jours. Mais le vent peu à peu s'apaise. Un vol de corbeaux dessine un trait noir sur le ciel gris. Les ramiers qui ont élu domicile dans les sapins dégourdissent leurs ailes en grand ramage avant de prendre leur envol. Un écureuil traverse la pelouse en trois bonds et disparaît dans le feuillage d'un bouleau. Au-dessus de lui, les nuages noirs passent lentement les collines et le soleil reparaît à leur suite. Il ne pleuvra pas, une fois encore, sur la combe perdue au coeur des Monts !

           Mon jardin potager n'en souffrira pas vraiment. Chacun sait depuis toujours à la campagne que le binage et le paillage sont les conditions de la réussite par tout temps et, à fortiori, par temps sec. Les agriculteurs n'ont pas cette possibilité, bien entendu. Nombreux sont contraints d'arroser leurs productions. Et comme chaque année, revient dans les discours la question du bien public, l'eau, accaparé par le particulier, l'agriculteur. Les esprits s'échauffent et les insultes volent. On a vu des stations de pompage sabotées. La guerre de l'eau ne concerne pas seulement les pays du Moyen-Orient. La guerre de l'eau est aussi arrivée chez nous. (Roland Bosquet)

Publicité
Publicité
Commentaires
Chroniques d'un vieux bougon
Publicité
Chroniques d'un vieux bougon
Albums Photos
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité