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Chroniques d'un vieux bougon
9 janvier 2012

Sanguines, de Galouzeau à Fenouillard

     Qui a écrit : « [Le citoyen] sait qu'en serrant les coudes, il gardera les deux pieds sur terre afin de s’élever à la sueur de son front musclé, vers des sommets toujours plus hauts ». Est-ce Dominique Galouzeau de Villepin ou est-ce Franquin par la bouche du maire de Champignac dans Spirou et Fantasio ? Le fier-à-bras de l’éloquence emphatique ou le héros de bande dessinée ? Á moins qu'il ne s’agisse d’une seule et même personne ! C’est le dernier petit jeu auquel nous convie Philippe Meyer avec ses "Sanguines, croquis politiques".

       Le Grand Théâtre est en effet de nouveau en pleine effervescence. Les comédiens se bousculent en coulisses et brûlent de briller sous les feux de la rampe avec les mille cartouches que leurs réflexions auraient produites au cours de la trêve des confiseurs. Avant que nous ne nous asseyions dans nos fauteuils pour assister au spectacle, Philippe Meyer nous propose un coup de projecteur sur quelques uns des acteurs en lice.  Pour chacun, il fouille d’abord le passé et remonte à fleur de mémoire quelques anecdotes sur des attitudes, des actions ou des omissions oubliées. Puis il déploie devant nous, en des estampes sans concessions, ces pèches rigoureuses, souvent cruelles, parfois pitoyables, édifiantes toujours, qui enrichissent grandement des portraits officiels si souvent tronqués par les communicants de tous bords. Ainsi explore-t-il le disque dur d’un Jalouzeau jongleur de cymbales au verbe métaphorique et oublieux donneur de leçons qui joue de la crinière argentée comme d’un panache pas si blanc qu'il y paraît. Ainsi nourrit-il d’exemples navrants, qui seraient cocasses s’ils n’étaient trompeurs, l’espace déjà large et pourvu des approximations avec la vérité de la Titine de fer de Lille. Ainsi glose-t-il en psychanalyste sur l’agressivité et la violence qui trouve tant d’écho en chacun de nous d’un Sarkozy aussi secrètement admiré qu’officiellement rejeté. Ainsi  traverse-t-il la constellation, que dis-je, la pléiade des "amis" du lauréat au concours du plus petit commun dénominateur organisé à Gauche qui apparaît plus patelin que bonhomme et plus habile à naviguer entre les gouttes qu’a fièrement mener une armée. Ainsi montre-t-il la constance, l’opiniâtreté et l’ambition d’un collaborateur-premier-ministre manipulateur à l’endurance exemplaire dont on se demande ce qu'il se passerait s’il "lâchait enfin son fou". Ainsi tente-t-il de nous alerter sur les effets nocifs d’une surexposition à la brillance toute médiatique du bel AOC de Bresse auto-proclamé procureur-de-la-Gauche-au-service-de-ma-seule-personne. Ainsi s’amuse-t-il à repeindre en vert la raison raisonnante de l’ex-juge et son impuissance à convaincre ses interlocuteurs de l’importance de la lutte contre l’argent gris. Ainsi  expose-t-il la futilité d’un animateur-casse-cou de la télévision commerciale s’immisçant dans le monde de la politique, dans le sens noble du terme. Ainsi rappelle-t-il la flamboyante inanité orchestrée par une cohorte de docteurs folimages d’un trop intelligent prétendant aux plus hautes fonctions incapable de résister au plus basses. Ainsi met-il à nu les racines de la voracité déjà bien établie de l’impétrant de Meaux et son goût gargantuesque pour les petits fours du sérail. Ainsi éclaire-t-il, à son tour, les détours d’une fille à son père qui, non seulement n’en renie aucunes des ignominies, mais qui les reprend à son compte en les déguisant seulement d’oripeaux à la mode. Sans oublier le chef du train de queue taillé en Fenouillard aux allures de hâbleur de foire conduisant son petit troupeau barbouillé au rouge mieux-disant populaire sur une voie qui ne conduit nulle part.

        Lorsque fonderont les dernières gelées et que les haies célébreront la nouvelle reverdie, il appartiendra au "citoyen" de participer au grand carrousel. Les portraits tirés par Philippe Meyer des interprètes en présence, (portraits bien éloignés des complaisances hagiographiques habituelles), se révéleront indispensables pour décider en connaissance de cause. Certes, en démocratie, le droit à solliciter le suffrage des électeurs vaut bien leur droit de vote. Á condition toute fois que l’éclairage des urnes ne soit pas abandonné aux "prestidigitateurs et autres montreurs de lanternes magiques".  (©Roland Bosquet)

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