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Chroniques d'un vieux bougon
27 février 2012

Musique à Orléans

     Escapade de repérage à Orléans pour une éventuelle séance de dédicaces de mon roman "Le Secret de Mathilde". Je retrouve les bords du Loiret si bien mis en photographies par Jean-François Tronche. Le gel et la neige sont heureusement fondus mais la magie opère toujours. Les barques sont amarrées à la berge, les cygnes dessinent en majesté leurs trajets imprévisibles, les canards réclament leur croûton de pain aux passants et les poules d’eau commencent à tricoter leur nid dans l’ombre des ajoncs. Mais cette "opération-dédicaces" n’est en réalité qu’un prétexte pour me plonger en auditeur gourmand dans un grand bain de musique avec le concours international de piano.

       L’affaire commence par un concert de Fabio Grasso, lui-même ancien lauréat de ce prix et à qui l’on doit, avant Alexandre Tharaud, un charmant enregistrement de sonates de Scarlatti. Dans son sillage, quarante jeunes prodiges venus du monde entier doivent ensuite rivaliser d’audace, d’esprit créatif et de virtuosité pour séduire un jury comme toujours prestigieux. Y siègent en effet, entre autres personnalités, Michel Decoust, le compositeur de la fameuse partition "Polymorphie", et le pianiste François-Frédéric Guy qui nous a donné l’an passé une exceptionnelle sonate en si mineur de Franz Liszt. C’est dire si le répertoire est largement ouvert à toutes les musiques. J’avoue me sentir, quant à moi, plus proche de Domenico Scarlatti et de Franz Liszt que de Pierre Boulez et Michel Decoust mais j’essaie honnêtement de prêter l’oreille à toutes les expériences. C’est pourquoi je me suis réservé pour le concert du Quatuor Diotima. Voila quatre jeunes gens issus des meilleures écoles et couverts d’une multitude de lauriers et capables malgré tout d’exceller à la fois dans le "Different trains"  de l’américain Steve Reich et dans le quatuor n°5 en si bémol majeur de Frantz Schubert. Tout est donc possible, me suis-je dit, en m’installant dans mon fauteuil rouge au milieu de la magnifique salle de l’Institut. Comme redouté, je découvre alors que les garnements ont établi leur concert dans l’unique intention de bousculer mes habitudes. Á l’heure dite, ils prennent tranquillement place sur la scène et fixent le public avec un demi-sourire narquois sur les lèvres. Vont-ils envoyer au diable vauvert le programme concocté de longue date et se consacrer aux compositeurs japonais objets de leurs actuelles attentions ? Non, ils se lancent dans le si lent "langsamer satz" d’Anton Webern. Ils n’auraient certes pu interpréter sa jolie Passacaille pour orchestre. Mais rien ne les obligeait à choisir ses partitions délibérément atonales ? Suivra Schönberg avec son quatuor pour cordes opus 7 n°1 en ré mineur. Le compositeur de l’ambigüe "Pelléas et Mélisande" ne s’est pas encore lancé dans ses compositions dodécaphoniques mais mon oreille trop peu exercée discerne cependant un dangereux abandon de l’harmonie. Titulaires du prix de musique contemporaine du concours international de Londres en 2000, ses interprètes se sont affirmé, dans un petit discours préalable à leur prestation, soucieux de relier la musique romantique des quatuors à cordes des Haydn, Schuman ou Brahms à celle d’aujourd’hui. Pieuse intention. Que n’ont-ils choisi, pour cette fois, les anciens ! Je crois que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’apprécier Bernard Cavanna et plus encore Steve Reich.

        Dès mon retour au fond de ma vallée perdue au cœur des Monts, j’ai glissé dans le lecteur de ma chaîne, histoire de me faire pardonner, l’enregistrement de Fabio Grasso de quatorze sonates pour clavecin de Scarlatti dans leur arrangement pour piano. L’interprétation en est raffinée mais peut-être trop intellectuelle et trop peu joyeuse à mon goût. En fait, je m’étais procuré ce disque pour la légèreté et la tendresse qu'il montre dans l’étonnante arpège de la "fugue du chat". Une légèreté et une tendresse qui auraient sans aucun doute ravi le compositeur tout autant que moi. (© Roland Bosquet)

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