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Chroniques d'un vieux bougon
11 octobre 2012

Le monde est un village

     Liaison internet, hier soir, avec Cyrile et Babette, mes amis de la paroisse Saint-Georges dans la banlieue de Québec. Quand venez-vous nous voir ? Nous avons préparé notre chartil pour aller vous chercher à l’aéroport Lesage ! Je ne puis une fois encore abandonner Coquette et Noiraude, mes chèvres naines et César, mon chat-donné. Sans compter mes pigeons qui se préparent pour l’hiver et mes arbres qui commencent à se parer des couleurs de l’automne ! Mais pour Cyrile et Babette, le monde est un village où l’on peut baguenauder aussi simplement que dans un courtil blotti dans sa vallée perdue au cœur des Monts. Ils sont forts attachés à leur langue, notre vieux françois oublié chez nous depuis longtemps. Ils sont fiers de leur identité de québécois, de leur histoire et de leur culture. Ils refusent avec l’opiniâtreté de vieux paysans limousins de se laisser engloutir par l’océan anglo-saxon qui les environne. Mais ils se refusent tout autant à se recroqueviller sur leur entre-soi. Ils vivent ouverts, attentifs, accueillants. Le monde est leur village. Dans notre vieille Europe, aussi, des hommes ont su par le passé échapper à leur cadre étroit et partir conquérir l’inconnu. Les marchands depuis la plus haute antiquité ont sillonné les routes avec leurs caravanes et les généraux à la tête de leurs armées. Hérodote et Alexandre, Rollon le Normand et  Christophe Colomb, Marco Polo et ses Vénitiens. Jean-Christophe Ruffin nous conte magnifiquement la vie aventureuse de Jacques Cœur, l’argentier de Charles VII qui inonda l’Europe entière des étoffes et des épices d’Orient. « Mon ambition, lui fait-il dire, était de faire entrer partout la nouveauté… de donner carrière à toutes les formes de l’imagination… ». Le roi, hélas, préféra confisquer ses biens. Les charognards dépecèrent ses circuits commerciaux qui périclitèrent bientôt. Le royaume s’appauvrit de nouveau. J’assistai, il y a quelques jours, à un récital donné par Anne Etchegoyen dans la cour carrée du Vieux Château de Bayonne. De sa voix si particulière, elle défend avec fougue et talent l’âme et la culture basques. Enserrés entre mer et montagne, les Basques se sont répandus à travers le monde. Mais sans jamais édulcorer leur langue, la perdre ou l’ignorer. « Terre mère, je sens ta force et ton sang couler dans mes veines, les paysages sont mon corps et je sais qui je suis… Coraje coraje la union hace la fuerza y un corazön americano crece a la luz del sol… » Peuple fier et toujours prêt à se battre pour défendre ses coutumes,  il n’en est pas moins accueillant sans jamais renier pour un plat de lentilles sa manière de vivre et l’héritage de ses si lointains ancêtres. Le monde aujourd’hui est leur village. (© Roland Bosquet)

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