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Chroniques d'un vieux bougon
12 avril 2013

Le miel et la paresse

paresse_et_miel

     «  Les médecins ont beau dire, me répond mon amie Marthe Dumas, du Mas du Goth, à ma question rituelle, comment allez-vous ? Il n’est rien de tel que de se bien porter pour jouir d’une santé florissante ! » Il en est hélas qui n’ont pas cette chance. Ainsi, on dit dans les ministères qu’il ne faut jamais faire le jour même ce qui peut attendre le lendemain. Hippocrate en son temps aurait diagnostiqué la procrastination. Les psychiatres, de nos jours, expliquent qu’elle serait due à un manque de confiance en soi et à l’ennui. Est-ce là l’origine de l’absentéisme au travail ? Qui saurait le dire ? Retenons simplement qu’il s’agit d’une pathologie dont le nom à lui seul montre bien l’extrême sévérité. Il en est pourtant plus grave encore !  Ainsi vous ne présentez pas de pouls fébrile, pas de picotements dans les yeux, pas de douleur aux articulations. Pas même un modeste frisson en posant votre sabot sur le pas de votre porte. En un mot, vous ne vous sentez pas malade. Entre deux averses, vous allez donc d’un pas tranquille au long de vos parterres dans l’espoir de voir apparaître les premières pointes du muguet mis en place l’an passé. Las ! Non seulement vous ne distinguez pas les moindres prémices de verdure mais vous repérez une magnifique graminée bien étalée et bien dodue que vous aviez jusqu’ici ignorée. La diablesse n’a rien à faire ici ! Pardonne-moi, lui dites-vous. Je ne veux à cet endroit que des clochettes au blanc immaculé. En temps normal, vous vous baisseriez pour l’arracher. Mais c’est alors que vous en découvririez une autre, et une autre encore. Elles ne voyagent qu’en groupe. Qu’à cela ne tienne, vous retrousseriez vos manches et entreprendriez de jeter ces indésirables par-dessus bord. Mais aujourd’hui vous n’en faites rien. Car vous aviez prévu de commencer le roman "La fille qui danse" de Julian Barnes tout en vous immergeant dans le concerto pour violoncelle de Samuel Barber avec Christian Poltéra et l’orchestre de Bergen. A moins que vous ne poursuiviez la remontée de la Marne en compagnie Jean-Paul Kauffmann en écoutant Nicolas Orwath décliner des extraits du "Christus" de Franz Liszt au piano.  Aussi enfoncez-vous vos poings au plus profond de vos poches pour résister à la tentation : demain est un autre jour ! Erreur fatale ! C’est  précisément le moment idéal pour suivre le conseil de Pierre Dac : ne jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même…par quelqu’un d’autre. Téléphonez sans attendre à votre jeune voisin qui ne demande qu’à apprendre les joies du jardinage et confiez-lui cette besogne insipide et néfaste pour vos reins. Et vous aurez ainsi respecté le fameux proverbe bantou qui prévient que paresse ne donne pas de miel. Mais qui écoute encore les proverbes bantous ?

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Commentaires
H
Eloge de la paresse : qu'il est doux de ne rien faire. A condition d'être relax, un bouquin en mains. Sans honte et sans remords. Amicalement.
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