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Chroniques d'un vieux bougon
15 avril 2013

Aubades polissonnes

aubades

      La lumière, ce matin, semble tout ébaudie. Comme si le jour s’étonnait d’avoir une fois de plus échappé à la nuit. D’être revenu au milieu de la vie. A moins que ce ne soient mes propres pensées  encore tout embuées de brumes matutinales qui ne lui donnent cette teinte pastel. Je n’en distingue pas moins depuis ma terrasse une ombre brune au pied du tas de bois destiné à alimenter la cheminée. Je pose ma tasse de chocolat sur la table de la terrasse et avance un pas dans sa direction. C’est alors qu’un mouvement attire mon attention près du bac de granit qui recueille l’eau de la pompe à bras. Et je vois la boule  grise d’un hérisson se laisser glisser sur le sol et se précipiter vers l’ombre du tas de bois. Il ne faut pas longtemps aux deux compères pour disparaître dans les genêts qui marquent les limites des châtaigniers. Nul doute que, là encore, la reverdie qui envahit la campagne ne produise ses effets vivifiants. Dans quelques semaines, une procession de petits suivra probablement la mère dès le crépuscule annoncé sur la vallée. D’ici là, ce ne sera partout que ballets incessants de merles, de geais, de bouvreuils, de mésanges et autres bergeronnettes. Mon courtil retentira de tous côtés de complaintes langoureuses, d’aubades polissonnes et de sérénades énamourées entrecoupées de chants martiaux pour défendre un territoire, de couplets belliqueux pour éloigner les rivaux et d’impromptus querelleur pour protéger la future nichée. Car alors du brin de laine de mouton au débris de plume de pie, des brindilles de bouleau aux aiguilles de pin, mousses ou lichens, tout sera bon pour construire un nid douillet blotti au creux des branches et de mieux en mieux dissimulé par les feuilles au vert encore tendre. Et reprendront les valses ininterrompues depuis les éclats de soleil où dansent les moucherons et les parterres de fleurs où grouillent  chenilles et asticots jusqu’aux nids où piaillent les petits affamés. Et toujours au milieu des appels de parents éternellement affolés du moindre danger, des feulements des buses en maraude et des cris rauques des corbeaux tournant en rond au-dessus du bois. En un mot, cent comédies qui déploieront leurs fastes burlesques, poignants, saugrenus ou  tragiques. Cent comédies qui croiseront leurs reflets dans celles des hommes, bien sûr. Car n’est-ce pas d’eux dont il s’agit en définitive ?

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