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Chroniques d'un vieux bougon
26 avril 2013

Le chant du rossignol

 rossignol

     Une famille d’Alsaciens est arrivée en début de semaine chez mes amis Hélène et Sébastien. Les parents sont venus visiter le village martyr d’Oradour sur Glane et retrouver la ferme où leurs propres parents avaient trouvé asile lors de la dernière guerre mondiale. Deux enfants, Hansel et Marik, les accompagnent ; ils ne se sentent bien sûr en rien concernés par ces souvenirs. Ils préfèrent bien courir en tous sens après les papillons, araser les taupinières qui jalonnent ma pelouse,  jouer à celui qui criera le plus fort ou se précipiter avec Amélie pour donner leurs friandises aux chèvres. Ils accourent immanquablement dès leurs croquettes du petit déjeuner ingurgitées, reviennent à la charge une heure plus tard en faisant la course à qui arrivera le premier, vident leurs assiettes de midi sans perte de temps pour y retourner et recommenceraient à l’heure du goûter si je n’y mettais bon ordre. Mais comment détourner l’attention de deux jeunes enfants sans créer de drame ni user d’une autorité dont je ne dispose guère ? Le coup de la grosse voix peut se révéler efficace une fois mais pas deux. En fait le plus simple est encore de leur raconter une histoire. Au pied de l’un de mes plus beaux bouleaux, j’ai installé depuis longtemps un banc fait d’une grossière planche de fayard posée sur deux souches de châtaigniers foudroyés jadis un jour d’orage par un ciel en colère. L’endroit est idéal, l’été, pour y prendre le frais le soir venu et écouter le rossignol dédier ses trilles vertigineux à sa compagne qui garde le nid. Où tu vas Papet, ont l’habitude de me demander les enfants en vacances en chambres d’hôtes chez Hélène et Sébastien ? Je vais m’asseoir sur le banc, pardi ! L’homme qui marche lentement à l’heure du rossignol va toujours s’asseoir sur le banc. Il y médite quelque réflexion, une phrase entendue, un air de violon capturé au hasard, un vague projet. Il peut tout aussi bien laisser libre cours à ses pensées ou n’en n’avoir aucune et se laisser envahir par la douceur de la lumière, le filet de brise dans les ramées, la course de l’écureuil dans les sapins. Hier, faute de pouvoir donner leur énième crouton de pain aux chèvres,  Hansel et Marik m’ont interpellé depuis ce havre de paix où ils s’étaient réfugiés pour se consoler. Papet ? Tu nous dis une histoire ? Alors, nous sous sommes installés confortablement et j’ai raconté les infortunes de l’explorateur écossais dans les rizières du Tonkin. Puis j’ai continué avec le récit du valeureux destin de Cosette puisant l’eau à la rivière. Et le soir, j’ai terminé avec  les aventures d’Awanjo, le petit gabonais, égaré dans la savane. Non seulement ils ont oublié leur déception et séché leurs larmes mais ils sont repartis se coucher avec des étoiles plein les yeux. Armés de visions formidables pour affronter la nuit et son monde inquiétant.

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Commentaires
L
Les histoires et les rêves, il n'y a que ça de vrais !
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L
Eh oui, tant que les enfants prendront plaisir à écouter de simples et belles histoires, c'est qu'il ne faut pas encore déspérer de l'humanité.
Répondre
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