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Chroniques d'un vieux bougon
14 juin 2013

Le chat. Splendeurs et turpitudes

Chats

       On tient souvent grand cas du chat. J’ai moi-même longtemps cohabité avec une chatte que l’âge et les rhumatismes avaient rendue acariâtre, (cf. ma chronique du 19 décembre 2011). Elle possédait un don tout particulier pour se trouver toujours du mauvais côté de la porte, pour choisir le clavier de mon ordinateur pour sa sieste au moment même où je tentais d’écrire ma chronique du jour ou pour venir se frotter contre mon bras guidant la souris si par malheur je tardais à lui donner sa pâtée. Mais je crois que nous partagions tout de même un peu de tendresse. Depuis qu’elle est partie, César, un mâle opulent et paresseux, s’est imposé sur sa chaise préférée devant la cheminée. Il boude encore mon bureau mais il accompagne immanquablement la sonnerie du téléphone de petits cris aigus agacés et réclame sa pâtée dès les premiers rayons du soleil par de longues mélopées proférées d’une belle voix de baryton qui réveillerait le pire hypersomniaque. Nous sommes malgré tout, je crois, en bonne voie de nous apprivoiser mutuellement. Je persiste cependant à penser que l’on tient en général bien trop grand cas du chat. Surtout chez les vieilles personnes. Ainsi, le chat adore-t-il faire ses griffes sur les supports les plus divers. Surtout sur le magnifique tapis noué main qu’une tante éloignée vous a rapporté un jour de Turquie et qui vous visite deux fois l’an pour vérifier que vous en prenez toujours grand soin. Dans le même ordre d’idée, le chat aime à lacérer les fauteuils recouverts d’une toile de prix.  Et de préférence le crapaud second empire dont vous avez hérité au décès d’un vieil oncle explorateur repenti. Il lui arrive même, au chat, et surtout lorsqu’il n’est encore qu’un chaton, de faire pipi au milieu du salon. Il ira ensuite s’installer sans vergogne sur les genoux de la dame du catéchisme venue vous solliciter pour la kermesse de la Saint-Jean. Et que croyez-vous qu’elle fasse ? Elle ne le gronde pas, bien sûr. Elle le caresse au contraire longuement en miaulant des minou- minou attendris. Lui, hypocrite et cauteleux, ronronne généreusement,  redoublant d’autant les mièvreries de la visiteuse. Elle n’aurait en aucun cas accepté un tel comportement de la part d’un intrépide général couvert de décorations, d’un académicien nobélisable ni même d’un secrétaire particulier de l’ancien empereur de Chine en excursion dans la région. A la période des amours de printemps, le chat bat la campagne à la recherche de ses congénères. Il se livre alors avec eux, en toute impunité, à de bruyantes cérémonies sabbatiques jusque sous la fenêtre de votre chambre à coucher. Accessoirement, il consentira à copuler avec sa voisine la plus proche qui mettra bientôt bas d’une nouvelle portée de chatons qui se jetteront à leur tour sur les tapis…On voit par là combien est vaste le problème tant est incrustée, depuis la plus lointaine antiquité égyptienne, la croyance qui veut que le chat soit d’origine divine. Alors qu’il sort tout bonnement du garde-manger où il a chapardé un morceau de jambon fumé directement importé du pays basque par un ami qui vous veut du bien. En un mot, le chat peut tout se permettre. Du moins, beaucoup plus que l’homme domestique. Malgré tout, j’ai étudié les philosophes anciens et les chats de notre époque. Force m’est bien de reconnaître que la sagesse du chat est infinie.

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