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Chroniques d'un vieux bougon
28 juin 2013

Les vacances

vacances

      Depuis un mois déjà, un curieux fourmillement chatouille les mollets des chanceux à qui leur employeur a octroyé des congés payés d’été dès le mois de juillet. Leurs valises trépignent d’impatience dans l’entrée de leur trois-pièces-cuisine avec vue sur le périphérique. Leurs enfants sont énervés et courent en tous sens et, le soir, montent dans le secret des couvertures des plans tous plus extravagants les uns que les autres. Les prévisions s’échafaudent, s’empilent, se chevauchent, s’additionnent jusqu’à s’égarer parfois vers des sentiers ignorés des parents. Ceux-ci ont d’ailleurs leurs propres projets. Ils ne correspondent pas toujours. Ni entre eux. Ni avec ceux des enfants. Mais, après tout, ce sont les vacances. Une dernière formalité reste malgré tout à effectuer. Le baccalauréat. La fille aînée fait certes partie des 86,2 % de lycéens qui l’obtiendront. Mais la confirmation rassura tout le monde. On l’attendra donc avant de lancer la voiture sur l’asphalte dès le lendemain matin. D’aucuns vivent déjà la grande aventure. A quatre cents kilomètres d’altitude, six hommes tournent et tournent autour de la Terre qu’ils regardent de haut. Ils peuvent admirer plusieurs couchers de soleil par jour sans être gênés par la pollution, ce qui est considérable. Le temps que leur épouse aille au supermarché acheter le sel qu’elle a oublié et revienne à la maison, ils ont compté tant de véhicules en infraction sur l’autoroute du sud qu’ils ont renoncé à les répertorier. Mais c’est là l’ultime sommet du tourisme. L’employé moyen ne pourrait s’y adonner. Même sans épouse ni enfants. Il ira plutôt bretonner dans sa famille de Bretagne et manger les langoustes sous la pluie. A moins qu’il ne rejoigne, dans le grand camping avec vue sur les flots méditerranéens,  ses voisins de palier dont les enfants, en bas âge, ont été confiés aux grands-parents d’Auvergne. D’aucuns, qui ont su ou pu mettre quelques sous de côté, pousseront jusqu’à la Côte d’Azur. Ils n’iront pas tous à Cassis. Ni au Negresco de Nice. Ils diront, en passant à proximité du Luberon, tiens ! là-bas, c’est la maison de Michel Drucker. Puis ils tourneront à droite et gagneront, par un pittoresque petit chemin empierré, une vieille cabane de pécheur "absolument fantastique" sans eau ni électricité. Mais, après tout, ce sont les vacances. On me glisse à l’oreille que tous les vacanciers n’iront pas nécessairement en Bretagne, en Limousin ni même à Boulogne sur Mer. Il en est qui voyagent au long cours. Alors, ne soyez pas étonnés si, à votre retour de vos propres vacances dans les îles du Péloponnèse grillées par un soleil d’acier, vous êtes conviés à admirer une série de photographies sur la femme quechua éleveuse de chevaux dans la Pampa ou la femme ouolof en quête d’eau potable au milieu du désert de Mauritanie ou la femme guide en costume traditionnel au musée Lénine d’Oulan-Bator. Car ainsi va l’homme civilisé qu’il a besoin de fixer ses souvenirs sur papier glacé pour se les rappeler.

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