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Chroniques d'un vieux bougon
3 octobre 2013

La nature est prévoyante

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      La nature est généralement prévoyante.  Les feuilles des arbres tombent juste à point à l’automne pour dissimuler les bolets aux yeux des promeneurs. L’anis pousse auprès des ruisseaux, les cerisiers dans le verger des gourmets de clafoutis, les poireaux dans le potager des amateurs de soupe et les pommiers en Normandie où l’on boit la plus grande quantité de cidre. La nature est prévoyante. Ainsi a-t-elle veillé également depuis de nombreux siècles à faire passer les fleuves au centre des grandes villes. Facilitant le transport des vins de Champagne jusqu’au palais de l’Élysée, du poulet de Bresse jusque chez Troisgros et des choux de Bruxelles jusqu’à l’Hôtel de Villeroy. Les paysans lui doivent beaucoup. Hélas, c’était avant ! Le temps n’est plus en effet où la nature pouvait aider l’homme. L’affaire commença lorsque les marchands de primeurs se plaignirent de la lenteur excessive de la navigation fluviale. Ils ne parvenaient plus à assurer leur commerce dit "à flux tendu". Ils inventèrent la machine à vapeur pour aller plus vite que la nature. On construisit ensuite le chemin de fer, les autoroutes et les avions. Plus rapidement approvisionnée, la population augmenta. Il fallut édifier des villes de plus en plus étendues à coup de camions entiers de ciment, de goudron et de verre. Les arbres des forêts que la nature avait obligeamment installées à proximité des agglomérations ne suffirent plus à réchauffer les habitants l’hiver et à les rafraîchir l’été. Il fallut creuser la terre pour en extraire du charbon, du gaz et du pétrole puis de l’uranium. Las ! Les cassandres nous  préviennent qu’arrivera bientôt le jour où les stocks se tariront. La nature sera alors à bout de souffle. Ses océans suffoquent déjà sous les détritus, ses fleuves étouffent de pesticides, ses terres fertiles s’épuisent. L’homme moderne, malgré sa grande intelligence, n’avait pas prévu cette fatale issue. Devant l’urgence de la situation, on créa une commission constituée d’un groupe de sages à la barbe scientifique, le GIEC. Son diagnostique est sans appel : on va droit dans le mur ! Détruisons le mur, répondirent en chœur les dirigeants du monde. Pauvres de nous, répliquèrent les sages sur les plateaux de télévision. Il est trop tard pour détruire le mur, y ouvrir une bèche ni même le repousser. Il faut changer de direction ! Et le carnet de route est d’une grande simplicité. Il faut désormais préserver l’orchis négligé, la salamandre tachetée et l’Indien d’Amazonie. Il faut construire des éoliennes qui brasseront du vent pour faire de l’électricité, rouler à bicyclette pour réduire les émissions de gaz CO2 et surtout baisser la température des logements pour limiter le réchauffement climatique. Car, affirment les sages, l’élévation des températures fait déjà fondre les glaces des pôles. L’eau des océans montera inéluctablement. Les terres habitables seront submergées. La civilisation disparaîtra. La nature reprendra alors ses droits et le monde n’en tournera pas plus mal. Mais sans l’homme.

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Commentaires
G
Ralentir l'activité humaine semble plus difficile que l'accélérer. Pour ma part j'attends la catastrophe sereinement. Ma confiance en l'homme est très limitée... ;)
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