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Chroniques d'un vieux bougon
4 octobre 2013

Comment échapper facilement aux lipooligosaccharides

ail

     Alexandre Vialatte affirmait que le meilleur moyen de rester en bonne santé est de se bien porter. A moins que ce ne soit l’inverse !  L’homme moderne attache la plus haute importance à sa santé. Ne serait-ce que par crainte de tomber malade. Les remèdes les plus divers peuvent l’aider dans cette quête. Il n’est que de se transporter dans une officine pour constater le nombre incalculable de références offertes à la convoitise du client. Il apparaît aujourd’hui qu’un modeste bulbe de la famille des liliacées et couramment cultivé dans nos jardins  présenterait les mêmes facultés. C’est du moins ce que prétend une équipe de recherche américaine de l’université de Washington. L’ail serait l’ennemi juré du campylobacter jejuni. Nul agent de la force publique n’a jamais, jusqu’à nos jours, verbalisé un campylobacter jejuni pour excès de vitesse ou pour non-respect d’un feu rouge. Ni même pour non utilisation du passage pour piétons pour traverser la place de la Concorde à l’heure de pointe afin d’embrasser affectueusement une vieille tante malade se rendant chez son notaire pour modifier son testament. Il ne faut pas s’en étonner. Le campylobacter jejuni s’épanouit plutôt à la campagne. Sa petite taille de bactérie lui permet par ailleurs de passer inaperçu. Il a hélas la mauvaise habitude de troubler la digestion des vaches, des volailles et des moutons. C’est pourquoi les paysans d’autrefois lardaient-ils toujours leur gigot d’une gousse d’ail avant de le glisser dans le four de la cuisinière. Ils savaient échapper ainsi aux diarrhées et autres pathologies entériques. En prouvant scientifiquement les belles vertus de cette modeste plante potagère, les chercheurs ouvrent aujourd’hui de grandes perspectives à la médecine. On a souvent moqué notre bon roi Henri IV sous le prétexte qu’il souffrait d’une mauvaise haleine. Elle pouvait provenir de l’état déplorable de sa dentition. Elle provenait peut-être surtout de son habitude de ne jamais sortir sans sa gousse d’ail. Certains historiens à l’imagination fertile ont avancé que c’était, chez lui, un artifice de séduction. Ils étaient probablement célibataires ou s’étaient mariés sous le régime de la communauté avec une épouse acariâtre. En réalité, notre Vert Galant se prémunissait d’abord contre ce fameux campylobacter jejuni qu’il risquait de rencontrer en consommant les poules dont son ministre Sully recommandait la dégustation le dimanche midi. Il gardait ainsi l’esprit bien clair pour gouverner son royaume. C’était d’autant plus prudent que, dans certains cas, rares il est vrai, cette déplaisante bactérie peut provoquer un méchant mimétisme moléculaire entre les glycosphingolipides et les lipooligosaccharides et engendrer ainsi de grands désordres intestinaux. L’ail les repousserait justement avec une belle efficacité. Tout bon jardinier savait déjà, mais de façon empirique, qu’il protège les rosiers des champignons en général et du mildiou en particulier. On sait aujourd’hui avec certitude qu’il peut également protéger l’homme d’une mauvaise digestion. Quant on connaît l’importance d’un transit apaisé dans le processus de prise de décision, on ne saurait assez en recommander l’usage dans les plus hautes sphères de l’État. Ainsi le monde tournerait-il peut-être un peu moins mal.

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