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Chroniques d'un vieux bougon
4 février 2014

Implacable mécanique céleste

spectacle_celeste

        Au début de son histoire, alors qu’il ne se déplaçait encore qu’à quatre pattes, l’hominidé ne s’inquiétait guère du ciel. Trop occupé qu’il était à veiller sur ses ongles si exposés aux aléas d’un sol inégal. Un jour cependant, las de les limer régulièrement à l’aide d’une pierre ponce dont il ne disposait pas toujours à portée de la main, il résolut d’adopter la position verticale. Bien lui en prit. Il découvrit le ciel par la même occasion ainsi que le fantastique ballet nocturne des étoiles. Il en fut ébloui. Surtout par les nuits sans lune. Car il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre l’importance de la belle Séléné dans le ballet cosmique. De nos jours encore, le jardinier ne manque pas de tenir compte de ses recommandations. À condition bien sûr qu’elles correspondent avec les prévisions météorologiques, la température au sol, la direction du vent, les exigences personnelles des plantes et, surtout, avec l’intensité des douleurs musculaires dudit jardinier et le niveau très aléatoire de son envie de chausser ses bottes de caoutchouc. Quoi qu’il en soit, il ne manque jamais de scruter le ciel pour le cas où la pluie lui permettrait de s’asseoir dans son fauteuil favori avec un bon livre et la conscience tranquille. Qu’il ne change surtout pas ses habitudes en ce mois de février. Il pourra en effet admirer dans la lointaine constellation du Lièvre, (en bas et à droite de la carte du ciel)  une étoile géante au doux nom d’Alpha-Leporis, ou Arnab en arabe. On peut la repérer facilement, disent les habitués, entre les constellations d’Orion et du Grand Chien. Son éclat demeure modeste mais elle est visible à l’œil nu, même en pleine ville. Nul besoin donc de migrer à la campagne et de risquer de souiller ses escarpins dans la gadoue des cours de ferme pour admirer cet astre au destin déjà tout tracé. S’il nous apparaît en effet comme un point lumineux fort prudent sinon même presque secret, il n’en est pas moins d’une taille gigantesque approchant les 100 millions de kilomètres de diamètre. Soit soixante dix fois plus que notre brave soleil. Seule la distance qui l’en sépare, (12.298.949.614.355.042 km), empêcherait un observateur terrestre d’en distinguer les détails. L’intérêt en serait d’ailleurs tout relatif dans la mesure où il nous apparaît aujourd’hui dans l’état où il était alors qu’un Frison de Liège levait son bras armé par Radbod contre Grimoald II, le fils de Pépin II de Herstal en l’an de grâce 714 de notre ère. En réalité, cette lointaine étoile à peine âgée de quelques millions d’années souffre depuis sa naissance de pogesteria. On sait sur Terre qu’aucune médication ne peut guérir de cette terrible affection. Il doit en être de même dans l’espace intersidéral où évolue notre patiente. Elle semble avoir déjà épuisé toutes ses ressources en hydrogène. Son sort en est donc jeté. Abandonnée des dieux et de Jupiter lui-même, aucun soin palliatif ne saura atténuer la règle de la mécanique céleste. On s’attend d’un instant à l’autre à assister à son explosion. Elle irradiera d’un coup le ciel de ses gaz délétères avant de s’éteindre progressivement. Au vu de son éloignement, il n’est même pas exclu que le terrible évènement ne se soit pas déjà produit. Le verrons-nous ? Nul horoscope ne l’a encore prédit. On voit par là combien est ardue la tâche des organisateurs de spectacles célestes dans un monde qui tourne de guingois.

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