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Chroniques d'un vieux bougon
5 février 2014

Campagne...électorale

campagne_electorale

         19h50. On frappe à ma porte donnant sur la terrasse. Je me précipite. « Bonsoir ! » Une ombre se penche vers moi. « Finissez d’entrer ! » « Je ne veux pas vous déranger. » Une main me tend une feuille de papier. « C’est pour les élections. » C’est vrai qu’elles approchent. « Mais ne restez pas dehors. » « Je vous remercie. Je n’ai pas vu votre boite aux lettres, alors je suis monté jusqu’ici mais je ne veux pas vous déranger. » « Je croyais que sa couleur d’un vert bien vif la rendrait plus visible, » dis-je étonné.  « Alors, si c’est la vôtre, j’y ai déjà déposé une feuille ! » Et l’ombre de reprendre d’un geste vif la feuille qu’elle vient de me tendre avant de disparaître dans la nuit. Je ne connaîtrai ni son nom ni même ses traits. Un peu bras-cassé ce distributeur de tracts, pensai-je en refermant le volet de bois et la porte ! Je rejoins mon fauteuil alors que Nicolaï Lugansky achève la sonate pour piano n°1 en ré mineur de Rachmaninov. Mon chat César, visiblement troublé par la démarche de notre visiteur anonyme, décide de sortir. Je lui ouvre la porte de la cuisine. Il s’éloigne en s’étirant, indifférent à la bonne odeur du potage que j’ai mis à réchauffer dans sa casserole. J’allume le poste de télévision pour "prendre les nouvelles". Je sais que je n’en aurai guère que le spectacle mais l’habitude est si bien ancrée de ce rendez-vous cathodique que je le perpétue presque inconsciemment. J’apprends que le personnel d’une grande entreprise du transport en dépôt de bilan depuis plusieurs mois va subir de nombreux licenciements. Encore une. Encore des gens qui vont se retrouver dans l’incertitude du lendemain. Mais on frappe de nouveau à ma porte donnant sur la terrasse. Là encore, je me précipite. « Excusez-moi. Mais je vous laisse une feuille tout de même. Je n’aurais pas dû la reprendre. Cela ne se fait pas ! » L’ombre me tend de nouveau une feuille de papier et disparaît. Il me faut quelques secondes pour prendre conscience de l’incongruité de la scène. Machinalement, je referme, une fois de plus, le volet et la porte. Juste à temps pour me souvenir que mon potage doit bouillir dans sa casserole. Je me précipite. Le pire est évité. Mon chat César, m’apercevant, manifeste bruyamment son intention de rejoindre sa chaise avancée devant la cheminée. Je lui ouvre la porte en bougonnant. « Et tes pattes sales sur le tapis ? » Mais il m’ignore superbement, comme d’habitude. Je me demande même s’il n’a pas haussé les épaules ! Dans le poste, deux hommes politiques, connus pour leur "sensibilité de gauche" se chamaillent sur un sujet probablement sans grande importance. Je décide d’ajouter une bûche à la flambée qui s’étiole. Mais le téléphone sonne. Je pose la feuille que je tenais toujours à la main et me précipite. Une voix féminine me propose de revoir mon contrat d’assurance incendie tandis que je vois la maudite feuille glisser lentement au milieu des dernières flammes et s’embraser. Mon interlocutrice ne comprend sûrement pas pourquoi je ris en raccrochant. Décidément, ces élections municipales ont bien du mal à commencer avec tout le sérieux républicain qu’elles méritent. Et le monde, à son image, continue de tourner de guingois.

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Commentaires
G
Surprenante, votre anecdote, dommage que vous n'ayez pas eu le réflexe de le faire entrer et s'asseoir. Visiblement un novice...
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V
Ce ne sont évidemment que des informations très fragmentaires sur les élections dans ce charmant village mais, à mon avis, ce porteur de tract poli mais indécis ne devrait pas - s'il est élu - faire partie d'une commission de protection de la nature. L'écologie en France mérite d'être plus persuasive et ses défenseurs plus déterminés. On veut ou on ne veut pas ? "Excusez-moi de vous demander pardon", aurait pu supplier ce visiteur qui se demande surement à quoi sert un tract électoral, à part de déboiser des forêts entières ?
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