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Chroniques d'un vieux bougon
18 mars 2014

Pollution écologique

pollution

       Pendant trois jours au moins, la semaine dernière, une triste brume a recouvert la vallée jusqu’à des onze heures du matin. Le chant des tracteurs dans les champs s’en trouva étouffé, les bêlements des moutons estompés et le meuglement des vaches atténué. Moineaux, merles et mésanges erraient ici et là, perturbés dans leurs habitudes. Le jardinier lui-même, indécis, hésitant, tournait en rond dans sa chaumière. Irai-je tailler les althéas, nettoyer les bordures des parterres que mille herbes indésirables s’empressent, l’hiver venu, d’envahir, repiquer les boutures de troènes et de boules de neige mises à enraciner à l’automne deux ans plus tôt ? Quelques pas sur la pelouse gorgée de rosée lui rappellent qu’il serait bien temps de la tondre afin de lui redonner son bel aspect de tapis de verdure. Un regard vers le ciel gris lui apprend que les éoliennes s’accordent du repos. Risquons-nous de manquer d’électricité ? Les flashs d’information du France-Musique se font d’ailleurs alarmants. Il paraît que c’est la France tout entière qui serait plongée dans la grisaille. Les parisiens vivraient un smog typiquement londonien. La pollution de l’air serait si épaisse qu’elle deviendrait nocive pour les jeunes poumons des enfants et qu’ils seraient contraints de rester dans les classes pendant les heures de récréation. Aucun des spécialistes invités ne parle d’une égale dangerosité pour les trajets d’aller et retour. Auquel cas ils se verraient cantonnés dans leurs appartements et privés d’école. Le retard pris dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul se répercuterait immanquablement lors de leur entrée au collège. Sortis sans diplômes de notre beau système éducatif, ils ne trouveraient pas d’emploi. Faute de pouvoir remplir les cases des imprimés de demandes d’allocations chômages, ils tomberaient rapidement dans la misère et l’alcoolisme. Errants, hébétés, sur les trottoirs, ils importuneraient les riches touristes chinois en leur demandant l’aumône. C’est l’avenir de toute une génération qui se verrait compromis. Et celui de la France par la même occasion ! Le gouvernement ne pouvait rester inactif. Les services de la météorologie n’avaient pas manqué de faire savoir aux administrations concernées que cette infernale pollution risquait fortement de perturber la normalitude tranquille des Parisiens. La presse s’en empara. Désormais informés, les ministres intéressés se hâtèrent lentement de réunir leurs cabinets et d’annoncer rapidement à la télévision qu’une action allait sans doute intervenir. L’un d’eux proposa de créer une commission qui rendrait son rapport sans tarder sinon même avant l’été. Une autre suggéra de donner un vaste coup de balai qui dégagerait le ciel. Un écologiste rappela qu’une loi permettait déjà de n’autoriser la circulation qu’à certaines catégories de véhicules. Car, selon les rapports précédents, cette diabolique pollution serait due aux moteurs des voitures et au carburant utilisé. Les associations de conducteurs se firent inviter sur les plateaux de télévision et de radio pour dénoncer l’ostracisme dont leurs adhérents seraient l’objet. Stigmatiser des boucs-émissaires est en effet contraire à l’égalité pour tout. Mais devant l’urgence de la situation, le gouvernement ne pouvait plus tergiverser. Il décida. Et le brouillard se leva. On voit par là qu’un tel souci du bien public devrait inspirer le monde qui, alors, tournerait sans aucun doute un peu moins de guingois.

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Commentaires
L
Bien sur, c'étaient les teutons !<br /> <br /> Et les nouveaux moteurs diésel polluent moins que les moteurs à essence...
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M
Le fait est que j'ai bien du mal à croire que toute cette pollution vienne des voitures...qui roulent tout de même toute l'année. Quant à limiter leur vitesse, comme elles restent plus longtemps sur la route, je suis sûre que c'est inefficace.
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D
De qui s'mog-t-on ? Chez nous en Belgique on a imposé des limitations de vitesse des voitures. Et après on dit que cela ne sert pas à grand chose, les voitures n'étant responsables que de 25 % de la pollution.
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V
Un premier ministre et trois ministres - sans doute bien accompagnés par moultes attachés et secrétaires - ont démontré aux Français que la pollution qui enveloppait Paris et la petite couronne était un phénomène qui réclamait une riposte vigoureuse. Un gouvernement de gauche se devait de réagir au quart de tour, son image en dépendait et sa crédibilité était à ce prix. Les citoyens dociles ont obtempéré; la Ratp s'est déclarée prête à perdre plus de deux millions d'euros et pour certains salariés, cette journée du 17/03 allait être chômée.<br /> <br /> Malheureusement, la belle mobilisation des écologistes et de leurs alliés allait être anéantie par la complicité de la droite alliée au dieu du vent. Ce qui était prévisible se réalisa et la pollution fut chassée de Paris. Les pollueurs à quatre roues eurent le feu vert et foncèrent dans la capitale.<br /> <br /> C'est d'autant plus légitime pour les Français que certains chroniqueurs avaient découvert entre-temps que les particules fines venaient bel et bien de nos voisins allemands (encore un coup de Angela) et plus précisément de la Ruhr ! Ouf, ce n'est pas de notre faute.
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