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Chroniques d'un vieux bougon
15 mai 2014

Indignations et gesticulations

scandale_et_indignation

        Voilà que le monde médiatique international connaît une grande effervescence au sujet des jeunes filles enlevées par la secte Boko Haram qui sévit dans les provinces du nord du Nigéria. Bonnes âmes soudain scandalisées qui s’affichent avec complaisance devant les caméras, branle-bas des dirigeants des grands pays impliqués depuis des décennies dans ces territoires du centre de l’Afrique et colère de ceux qui connaissent les réalités complexes du terrain face à ces gesticulations qui, selon eux, ne peuvent qu’aggraver non seulement le sort de ces malheureuses mais aussi celui de toute la population autochtone. Qui croyait encore que l’esclavage avait disparu de la surface de la Terre ? Il sévit partout sans interruption depuis la nuit des temps. Rapts et razzias dans les villages perdus dans la brousse africaine perdurent encore couramment dans l’indifférence générale. Pour agrandir un cheptel, récupérer des bras jeunes et forts et les affecter  aux tâches les plus dures à moindre coût. Pour fouiller les sols à la recherche de l’or, des diamants et autres pierres précieuses si recherchées par celles-là même qui pérorent devant les ambassades et sur les écrans. Pour fournir en jeunes épouses des barbons cacochymes ou de jeunes hommes trop pauvres pour s’en acheter une. Notre belle démocratie qui se veut un modèle universel prit même largement le temps de la réflexion avant de se décider à l’abolir sur son propre territoire. Il n’est même pas d’année sans que les tribunaux ne bruissent d’affaires d’esclavage domestique dans nos salons les plus huppés ou au sujet de jeunes femmes vendues dans la plus grande omerta depuis des appartements surpeuplés de nos banlieues. Sans parler de l’exploitation à bon compte d’immigrés clandestins dans des ateliers insalubres, de femmes de ménage sous-payées pour nettoyer les bureaux rutilants d’entreprises aux bénéfices à deux chiffres ou les salons confortables et richement décorés d’hôtels particuliers. L’esclavage poursuit chaque jour et en tous lieux son impitoyable commerce. Au grand jour ici parce qu’il participe à un mode de vie séculaire que les traditions et les religions ne condamnent pas avec la plus grande fermeté. Souterrain et honteux mais si lucratif ailleurs parce le train à grande vitesse, l’avion ou le téléphone portable et internet n’ont pas modifié la nature humaine. Oui il faut s’indigner de la pérennité de ces pratiques. Oui il faut s’indigner lorsque qu’une femme, jeune ou non, subit la force et la violence de l’homme. Oui il faut s’indigner de l’inertie des responsables élus ou auto-proclamés. Mais c’est chaque jour et à chaque instant qu’il faut agir. Et non seulement avec détermination et opiniâtreté mais aussi avec prudence et discernement et non pour répondre à une émotion qui restera, hélas, passagère, même si elle est justifiée. Mais le sinistre Sanni Umaru et ses cohortes de barbares  ainsi que tous ses pareils ont encore de beaux jours devant eux. Les regards commencent déjà à se tourner vers d’autres drames  et se tourneront bientôt vers Canne et ses défilés de stars en représentation sur les marches du palais du festival. Puis se tourneront vers le Brésil où de jeunes millionnaires en short feront le spectacle devant des milliards de téléspectateurs. Puis viendront les vrais beaux jours et l’appel inexorable du soleil et du farniente. Et le monde continuera de tourner de guingois. Comme d’habitude. 

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Commentaires
C
pleinement d'accord !
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C
De pas très loin de votre campagne, je tiens à vous dire que vous avez si parfaitement raison qu'il est vain de vouloir mieux faire. <br /> <br /> <br /> <br /> cenestpascool en visite chez le vieux bougon
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L
Cher Vieux Bougon, je ne peux que souscrire à votre colère (pour un Vieux Bougon, c'est tendance). Comme l'a dit Beaumarchais :"Quand le Mal a toutes les audaces, le Bien doit avoir tous les courages". Bonne journée Vieux Bougon
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M
Vous avez tout dit. Merci pour vos indignations que nous partageons. Que pensez-vous de l'attitude de la commune de Villers Cotterets sur ce sujet de l'esclavage ?
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M
Je pense beaucoup à ces gamines (à 14 ans, c'est le terme qui convient) que les parents envoient à l'école, et qui ne rentrent pas ensuite chez eux. J'imagine que c'est une des miennes. C'est affreux.
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