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Chroniques d'un vieux bougon
29 mai 2014

Élixir d'immortalité

elixir

        Le jardinier le sait. La durée de vie du chiendent est proche de l’éternité. Du moins n’en verra-t-il probablement pas l’éradication. De nombreuses autres plantes vivent elles aussi beaucoup plus longtemps que l’homme. Les arbres atteignent ainsi des records dignes du livre du même nom. Des conifères de Tasmanie atteindraient 10500 ans. Dans la province suédoise de Dalarna, la racine mère d’un épicéa  accèderait à l’âge canonique de 9550 ans. Par comparaison, les dieux de l’Olympe ne sont descendus sur les îles de la mer Egée qu’il y a 5000 ans.  Ceux de Sumer ne s’installent entre le Tigre et l’Euphrate que 1000 ans plus tard. Et bien qu’éternels, les uns et les autres ne survivront pas à la mort de la civilisation qui les avait nommés. L’homme, qui s’estime le dieu omnipotent de la planète sinon de l’univers lui-même, rêve lui aussi d’éternité. Au moins, dans un premier temps, d’immortalité. L’alchimiste Nicolas Flamel interrogeait régulièrement son athanor  dans l’espoir d’y découvrir l’élixir de longue vie. Dans leurs laboratoires, les chercheurs modernes cherchent eux aussi la poudre miraculeuse qui gardera un teint de pêche à la douairière de la paroisse. Henne Holstege pensait avoir enfin mis les pas à l’entrée d’une piste. En analysant les dernières gouttes de sang de la vénérable hollandaise Hendrikje Schipper morte en 2005 à l’âge respectable de 115 ans, elle fit une découverte ouvrant la voie aux plus grandes espérances. Seules deux modestes et ultimes cellules souches sanguines de la vieille dame continuaient à produire des globules blancs alors que non seulement leur grand âge aurait dû les en dissuader mais surtout  qu’il en faut plus de 1000 comme elles en temps ordinaire pour régénérer le sang humain. Il apparut par la même occasion que plus une cellule se reproduit, plus la taille de ses chromosomes diminue. Ce qui expliquerait qu’au bout du terme, exténuées par de longues années de dur labeur, les cellules souches meurent condamnant ainsi l’être humain à cesser de vivre. Ce constat conduisait à première vue notre chercheuse dans une impasse. Mais ce serait compter sans l’Homme et son génie du bricolage. En effet, si on prélevait un échantillon de ces fameuses cellules souches sur le nourrisson et si on les lui réinjectait le jour de sa retraite, on pourrait provoquer chez lui une nouvelle jeunesse et prolonger d’autant la durée de son existence. On pourrait même procéder ainsi régulièrement jusqu’à, par exemple, l’éradication complète du chiendent. Enchanté d’une aussi belle revanche, le jardinier renoncerait alors à gâcher la vie de ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants jusqu’à la quatrième et cinquième génération, comme le dit si bien la Bible. On l’enterrerait au pied d’un arbre planté le jour de sa naissance et ses voisins clôtureraient la cérémonie par un barbecue avec les branches mortes tombées au cours de l’hiver précédent. Mais Henne Holstege tient malgré tout à tempérer les ardeurs des candidats aux prochains tests. « Cela pourrait n'être possible qu'avec le sang et pas avec d'autres tissus », nuance-t-elle. Ainsi le secret de la vie éternelle pourrait être encore long à découvrir, laissant au monde le temps de tourner de guingois comme avant.

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