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Chroniques d'un vieux bougon
10 juin 2014

Oradour sur Glane et Robert Hébras

oradour

       Il faut toujours rappeler ce qui s’est déroulé le samedi 10 juin 1944 dans le petit bourg du Limousin d’Oradour sur Glane. 240 femmes, 205 enfants et 197 hommes, soit 642 victimes, y furent massacrés par un détachement du premier bataillon du quatrième régiment de Panzergrenadier "Der Führer" de la panzerdivision de la Waffen SS "Das Reich". Toutes les maisons furent brûlées ainsi que l’église où étaient entassés les femmes et les enfants. (Ma chronique du 10 juin 2013). Une femme et cinq hommes survécurent. Robert Hébras est l’un des deux derniers rescapés. Interrogé par Laurent Borderie, il raconte, une fois de plus, les événements tels qu’il les a vécus dans un beau livre de témoignage, "Avant que ma voix ne s’éteigne".

oradour_hebras« Lorsque je me promène ici, dit-il, je ne vois pas le même paysage que vous. Je vois un village intact, celui que j’ai connu, jusqu’au jour où les SS sont arrivés ». Et malgré l’émotion qui l’étreint à chaque fois, Robert Hébras parle. Il s’en est fait un devoir. Aux jeunes des écoles, des collèges et des lycées français comme aux jeunes allemands, à celles et ceux qu’il guide à travers les ruines, à la radio comme à la télévision, il décrit un village gai et vivant, l’odeur du pain chez le boulanger, celle de la brillantine chez le coiffeur pour hommes, celle du cambouis chez les garagistes. Il raconte l’arrivée des Allemands, le calme d’une population qui n’a rien à se reprocher vis-à-vis de l’occupant, l’attente interminable alors que le travail ne manque pas dans les ateliers comme dans les fermes. Et puis, soudain, la détonation qui retentit, donnant le signal de la tuerie. Il raconte les balles des mitrailleuses, les corps qui s’écroulent sur lui, ses propres blessures, les cris, les râles. Puis le feu qui se rapproche. Toujours terriblement lucide, il décide de s’échapper. Il raconte comment il s’est faufilé d’une grange à l’autre, ses rencontres avec ceux qui comme lui, sont parvenus à s’enfuir, leur course d’une cachette à l’autre puis dans la campagne. Il raconte comment il est recueilli par une famille qui héberge déjà trois jeunes enfants juifs, sa visite au médecin, juif lui aussi, qui pansera rapidement ses plaies au bras et à la poitrine et ses brûlures. Il raconte ses retrouvailles avec son père et sa sœur, l’ignorance de la population des alentours au sujet du drame qui vient de détruire toute une population. Il raconte comment il doit encore se cacher  pour échapper à la milice qui recherche les rares survivants. Il raconte son engagement dans la Résistance puis son intégration dans le 63ème régiment d’infanterie qui vient d’être créé. Il raconte encore et toujours. Simplement. Avec ses mots à lui. On l’a vu l’an passé, raconter, une fois encore, aux présidents François Hollande et Joachim Gauck l’enfer qu’il a vécu et le martyre de son village. Parce que, comme disait le Général de Gaulle, "il ne faut plus jamais qu’un malheur pareil se reproduise". ("Avant que ma voix ne s’éteigne", Robert Hébras, propos recueillis par Laurent Borderie, Elytel éditions)

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Commentaires
E
Bonjour V.B,<br /> <br /> <br /> <br /> Mes souvenirs sont confus concernant l'histoire de France, il n'est pas besoin de remonter très loin pour voir des faits historiques évoquées non pas comme l'on fait généralement, demander aux générations qui nous suivent de mémoriser une date sans vraiment connaître le contexte historique de l'événement. La guerre, c'est un mot qui contient la destruction et avant la destruction, l'oppresseur. En jetant un oeil sur ce terrible épisode de l'histoire, pour un village sans histoire, il y a beaucoup d'éléments à articuler entre eux pour comprendre s'il est encore à comprendre pourquoi et comment ces faits se sont produits. N'ayant pas l'énergie suffisante de m'investir dans les détails, je note toutefois la suite de ce discours du Générale de Gaule qui semble répondre au pourquoi : " il y a des dispositions à prendre, des dispositions qui ne sont pas seulement des formules, des dispositions qui ne consistent pas simplement à faire confiance aux autres, même quand ces autres ont la meilleure volonté du monde. Il faut se faire confiance à soi-même, et s'assurer sa sécurité soi-même » . Elle m'a posé question et la réponse est venue simplement. Pourquoi placer la sécurité là où elle n'a aucun moyen de se faire entendre. C'est une interprétation somme toute personnelle et néanmoins partageable. Sinon, que défendons-nous d'autre que l'existence de cette dernière dans sa répétition ?<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour la présentation de cet auteur-témoin de son histoire. L'avez-vous lu ?
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