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Chroniques d'un vieux bougon
12 mai 2015

Un nouveau protocole

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        Il fut un temps jadis où ma maison et son courtil, retranchés au bout d’un chemin à peine carrossable, jouissaient d’une aimable tranquillité. Le facteur me rendait malgré tout visite chaque jour ouvré, muni ou non de courrier, pour le plaisir de dire bonjour et de boire un café ou plus lorsque le froid piquait trop fort. Sébastien, agriculteur de son état, me saluait de la main du haut de la cabine climatisée de son tracteur et disparaissait dans ses champs attenants. Et de temps à autre, un couple d’avions de chasse traversait le ciel à basse altitude pour justifier en grand vacarme du montant de mes impôts. Ce temps est révolu. Mes désormais voisins Juliette et Mathieu ont agrémenté ma solitude de la présence d’une charmante petite Chloé dont les rires ou les pleurs ne font même plus s’enfuir les merles et les corbeaux. Et une famille s’installera bientôt dans un proche clos en friches dès que sa maison sera construite. En un mot, bien que reclus au fond de ma vallée perdue au cœur des Monts, je suis touché, moi aussi, par l’accroissement de la population. Selon les statistiques les plus fines, la Terre abriterait à ce jour près de 7 299 734 528 de Sapiens-sapiens (http://www.populationmondiale.com). Mais les compteurs sont aussi fébriles que l’aiguille des secondes d’une pendule traditionnelle : ils changent sans arrêt. Nous serons ainsi 10 milliards en 2050 et 11 milliards en 2100. Que les agoraphobes se rassurent. Contrairement à celles du chômage et du réchauffement climatique, la courbe de l’augmentation du nombre d’êtres humains aurait tendance à s’infléchir. En effet, faute de contrôler durablement ses pulsions reproductrices, l’homme s’acharne depuis toujours à diminuer la durée de vie du fruit de ses gamètes. Il utilise avec ardeur et opiniâtreté les guerres en tous genres et les massacres ethniques et racistes à grande échelle. Mais ce n’est pas suffisant ! La population augmente peut-être moins vite mais elle augmente toujours. Il faut donc se résoudre à employer des moyens plus énergiques. Et d’autant plus énergiques que les épidémies se révèlent de moins en moins mortelles et que les vieux meurent de moins en moins jeunes. Le génie humain étant presque sans limites, on inventa, il y a un siècle, la pollution. Celle de l’air extérieur dans nos cités tentaculaires et celle, intérieure, de nos modestes châteaux, hôtels particuliers, appartements, chaumières et autres cabanes. Elles seraient aujourd’hui, à elles seules, la cause de plus de 7 millions de décès prématurés par an en Europe. Affections respiratoires, hypersécrétion bronchique, morbidité cardio-vasculaire et, globalement, dégradation générale des défenses de l’organisme face aux attaques microbiennes ou virales pourvoyeuses de cancers divers et variés. Cette méthode, qui offre par ailleurs l’avantage de pouvoir être utilisée sans heurts en tous lieux par tout un chacun, prouve aujourd’hui son efficience avec l’inclinaison de la fameuse courbe vers le bas.  Hélas, son coût exorbitant en termes de santé publique présente par contre un inconvénient majeur. Selon l’OMS et l’OCDE réunis, il se hisserait en effet pour l’Europe à près de 1500 milliards d’euros. Un coût qui, au vu des endettements colossaux des États, deviendra bientôt rédhibitoire. Les plus hautes sphères décisionnelles mondiales sont donc à la recherche d’un protocole moins onéreux. La Conférence Internationale sur les Dérèglements Climatiques qui se déroulera à Paris au mois de décembre prochain devrait marquer à cet égard un signe particulièrement fort pour un ambitieux bond en avant. Le monde pourra dès lors poursuivre sa marche glorieuse vers l’avenir de son futur.

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Commentaires
H
Tant qu'il y a encore de la place sur la planète... Il faudra bien penser un jour à coloniser Venus qu'on dit être la sœur de notre bonne vieille terre.
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L
un billet qui commence gentiment, paisiblement mais qui finit comme un cauchemar hélas éveillé
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C
"une aimable tranquillité au fond d'un courtil", c'est bien ce qui nous manque. On se marche dessus et le spectacle de l'humanité cache celui du monde. Lions les trompes et vasectomisons à tout va !
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