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Chroniques d'un vieux bougon
23 juin 2015

L'avenir de la Terre.

lavenir_terre

    Combat de titans dans le ciel de mon courtil. Attirées sans doute par les jeunes lapereaux inexpérimentés se baguenaudant de pied de thym sauvage en capitules de serpolet, les perdreaux de l’année à découvert dans les champs après la fenaison et les tourterelles inconscientes et bavardes jabotant joyeusement de fayard en châtaignier, deux buses en vadrouille tournent et virent depuis un bon quart d’heure. De temps à autre, elles se rapprochent, amorcent un piquet jusqu’à effleurer les futaies et repartent d’un coup d’aile comme si elles renonçaient à leur proie. Mais c’est sans compter avec la présence sourcilleuse d’une compagnie de corbeaux installée à demeure dans la chênaie voisine. Deux puis trois d’entre eux ne tardent pas à surgir en éclaireurs. Ils évitent bien sûr tout contact et se contentent de quelques tours à bonne distance avant de repartir discrètement. C’est une escadrille au complet qui revient bientôt dans un concert de croassements avec l’intention manifeste de reprendre possession du ciel dont ils se considèrent les maîtres omnipotents. Les buses observent d’abord avec dédain les gesticulations des nouveaux arrivants. L’une d’elle semble même s’engager dans une descente accélérée. Pendant que le reste de la troupe virevolte à l’étourdir autour de sa compagne, un trio de compères fond sur la téméraire. Désarçonnée, celle-ci se trouble, tergiverse, fait un écart, insiste malgré tout avant de renoncer et de rejoindre sa complice. Mais cette maigre victoire ne satisfait pas les attaquants qui poursuivent leur tourbillon au milieu du champ de bataille en lançant leurs longs cris de guerre qui résonnent dans l’air immobile. Les intruses se concertent, semblent hésiter sur la suite à donner à leur échappée et finissent par lancer une fulgurante attaque comme si elles voulaient tester une dernière fois l’ardeur de leurs adversaires. Ceux-ci répondent sans barguigner. Elles s’enfuient alors sans autre forme de procès vers leurs bois alentours. Les vainqueurs exultent et s’accordent un ultime tour de piste avant de disparaître à leur tour jusqu’à n’être plus qu’un point noir perdu dans le bleu métallique de l’azur. Le calme s’installe à nouveau et je reprends ma tâche en songeant que j’aurais tout aussi bien décrire là quelque affrontement aérien entre avions de chasse ennemis. Quoi qu’il en pense et quoi qu’il fasse, l’homme ne se comporte pas autrement que les autres prédateurs de la gent animale. À la différence près que sous prétexte d’intelligence, il ne respecte rien, ni ses propres congénères ni la nature qui le nourrit. Il y puise au contraire à brassées inconsidérées sans égard pour ses héritiers, sans souci pour les plus faibles, sans considération même pour son propre avenir. Les veilleurs ne manquent pourtant pas pour l’avertir des dangers. Les dérèglements climatiques se font déjà sentir des pôles à l’équateur. Ils s’imposeront de plus en plus. Cahin-caha, la nature poursuivra son chemin comme elle le fait depuis toujours. Les plus forts survivront. Les plus faibles pâtiront. La nature ne connaît ni le bien ni le mal. Nos grands décideurs, qui se réuniront à la fin de l’année pour décider d’actions contre le réchauffement, parviendront-ils à un consensus ou se contenteront-ils de hausser une fois de plus les épaules avant de s’en retourner chez eux et de continuer leurs déprédations ? Certes, dans un milliard d’année, la chaleur du soleil sera si élevée qu’elle aura brûlé toute vie sur notre planète. Mais d’ici là, ne devrait-on pas essayer de la conserver habitable pour tous ? Le monde avance encore d’un pas joyeux sur les chemins de son futur. Mais pour combien de siècles encore ?

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Commentaires
R
"Combien de siècles encore", vous me semblez fort optimiste.<br /> <br /> Et dire que la vie pourrait être si belle avec du partage, de l'amour de la convivialité, du respect de l'autre, ... Tristesse.
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C
Compliments d'un autre vieux bougon
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M
Inexorablement..nous allons vers notre perte.. Les blablabla de nos dirigeants pourront -ils arrêter ce processus ? Très beau billet..
Répondre
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