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Chroniques d'un vieux bougon
8 septembre 2015

La crise du porc

porc

      Alors que je me dirige vers la ville pour y rencontrer à la Grande Médi@thèque quelques affamés de lecture, ma course est ralentie par une manifestation d’éleveurs en colère.  C’est la crise ! Leurs coûts de production sont supérieurs à leurs prix de vente. C’est un scandale. Ils ont sorti leurs tracteurs d’origine allemande de leurs remises, fait le plein de pétrole détaxé, revêtu leur combinaison fabriquée en Chine et s’en vont crier devant la préfecture : « achetez français ». Il s’agit là, bien entendu, d’une abominable caricature car les choses ne sont pas aussi simples. Prenons le cas de la déprime qui afflige actuellement le marché du porc. Elle serait due à plusieurs facteurs. Aux éleveurs allemands et espagnols qui produisent moins cher que leurs homologues français. Aux abattoirs dont les salariés ne travailleraient pas assez et coûteraient trop cher. Aux transporteurs qui se plaignent pourtant de gagner bien peu leur vie. Aux intermédiaires qui "s’en mettraient plein les poches". Aux centrales d’achat qui tirent les prix vers le bas. Aux adeptes des religions qui interdisent sa consommation. Aux cantines scolaires qui refusent désormais de l’ajouter à leur menu. Et aux consommateurs trop soucieux de leur santé. Certains, parmi ces derniers, peuvent financièrement se permettre d’acheter chez leur boucher-charcutier-traiteur une belle tranche de jambon qu’ils savent choisie scrupuleusement pour sa qualité, découpée dans l’atelier en arrière-boutique et préparée avec soin sinon même avec amour. La cause en est que l’artisan se fournit chez des éleveurs attentifs à retrouver la pureté originelle de leur profession tel ce paysan, "bio" sans le savoir, de la vallée du Jourdain qui fut jadis le premier au monde à semer des pois chiches et des lentilles sur une terre vierge de tout engrais et de tout pesticide.(Nota). Hélas, toutes les familles n’ont pas la possibilité de se montrer aussi exigeantes.  Nombreuses sont celles qui ne pourraient obérer leur maigre pécule chez le boucher de la rue St Jacques au risque de ne pouvoir se nourrir la quatrième semaine. Et nombreux également sont  les consommateurs de porc qui ne savent pas bien distinguer le bon du moins bon et le moins bon du nettement mauvais. Ils ont quitté l’école primaire en ne maîtrisant que sommairement la lecture, ont traversé le collège en rêvant aux vacances et sont sortis du système scolaire sans rien. Sans diplôme bien sûr, sans métier bien évidemment mais surtout sans pouvoir comprendre les innombrables mentions figurant sur les étiquettes. Ils établissent alors leur choix sur la base du prix le plus bas affiché sur les étals. Ils ne représentent hélas qu’à peine 15% de la population. S’ils étaient plus nombreux, nul doute que la consommation de porc dit "bas de gamme" connaîtrait une nouvelle vigueur. Les éleveurs écouleraient mieux leur production, les grandes surfaces leur marchandise et la paix sociale reviendrait dans les sous-préfectures. Il conviendrait donc de modifier sans attendre l’organisation du gouvernement en confiant la gestion de la crise actuelle au ministère de l’Éducation et non plus à celui de l’Agriculture. Comme l’explique si bien Michel Onfray dans son livre "Cosmos", ce ne serait d’ailleurs qu’un simple retour aux sources. Et les chemins du futur étant imprévisibles, rien n’interdit d’envisager que cette révolution culturelle se produise un jour. Ce qui nous laisse encore bien des choses à penser. 

     (Nota. La prudence s’impose malgré tout face aux méthodes de culture dites "bios" de plus en plus à la mode. En l’état actuel de nos connaissances archéologiques, tout laisse à penser que l’homme de Neandertal se nourrissait lui aussi essentiellement "bio". Or il a complètement disparu de la surface de la planète. Qu’en serait-il demain pour le sapiens-sapiens post-moderne ?)

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Commentaires
M
Les centrales d'achat trouvent que payer le porc 1,40 euro le kilo est trop cher.<br /> <br /> Si on donne quelques centimes de plus aux éleveurs, nous l'achèterons combien?
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