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Chroniques d'un vieux bougon
19 avril 2016

Obsolète.

obsolete

      Obsolète. Le verdict du réparateur est catégorique. Mon téléviseur est obsolète. On ne trouve plus les pièces détachées pour remplacer celles qui en assuraient jusqu’ici l’alimentation électrique et qui viennent de déclarer forfait. Je vais tout de même vérifier sur internet, ajoute-t-il ! Mais je sens bien à son manque de conviction que le miracle ne se produira pas. Et tandis qu’il attend avec patience la liaison avec son fournisseur, je lis dans son regard qu’il n’est pas très éloigné de penser qu’un client qui croit vivre encore au temps jadis où l’on ravaudait les chaussettes et réparait les matériels défectueux est tout aussi périmé que son appareil ! La science et la chirurgie font des prodiges chaque jour dans les salles d’opération de nos grands hôpitaux. On échange un cœur fracassé par un infarctus ou un rein usé jusqu’à la corde par un cœur ou un rein plus jeune et en bon état de fonctionnement. Mais il semble impossible d’effectuer pareille intervention pour un simple accessoire électroménager. Mais n’est-ce pas dans l’air du temps ? Je veux bien accepter l’idée qu’en certaines circonstances un septuagénaire puisse montrer des signes de faiblesse sinon d’obsolescence. Mais les quinquagénaires eux-mêmes souffrent déjà de dépréciation programmée sur le marché du travail. Et l’on voit chaque mois s’allonger un peu plus la longue liste de ceux dont leur entreprise s’est séparée pour manque de productivité. Au même titre que certains cheminots, agents de l’Électricité ou quelques autres corps de l’État qui se voient depuis longtemps contraints, bien malgré eux sans aucun doute, de partir à la retraite à peine ont-ils soufflé leurs cinquante ou cinquante-cinq bougies. Et l’histoire récente montre que semblable infirmité frappe les élus du peuple eux-mêmes. Pendant les premiers mois de leur mandat, ils sont, comme dit le langage populaire, "tout feu tout flamme". Ils votent des lois sans presque discontinuer, en amendent d’autres, en annulent rarement, probablement par manque de temps, et se préparent avec ardeur à leur réélection. Hélas, les règles de la désuétude sont implacables aux yeux de leurs électeurs qui ont souvent tendance à en choisir d’autres pour les représenter à la première consultation venue. Il fut de même une époque où un Président de la République jouissait encore quant à lui d’un certain "état de grâce" pendant une centaine de jours après son accession au trône. Las ! Selon nombre de commentateurs, la normalitude aurait rattrapé l’actuel résident du Palais de tous les pouvoirs dès le lundi matin même de son élection. Il a certes montré par la suite qu’il pouvait encore chevaucher un engin motorisé sans trop de dommages. Mais la date limite de péremption l’aurait malgré tout frappé de plein fouet sans crier gare dès troisième jour pour ce qui concerne la conduite des affaires. Mais peut-être ne faut-il voir là que le reflet d’une certaine exagération polémique sinon même idéologique et politicienne ! Quoi qu’il en soit, selon les codes impitoyables qui régissent l’univers très mercantile du dépannage, mon téléviseur, qui me permettait jusqu’ici de suivre la marche du monde depuis mon courtil perdu au cœur des Monts, est désormais tout juste bon pour les rebuts. Oserai-je demander à qui de droit une subvention significative pour son remplacement afin de pouvoir assister aux débats citoyens qui préparent les prochaines élections ? Car en raison de mon âge avancé, il est bien évident qu’il ne m’est pas possible de passer toutes mes nuits debout sur la place de la République à Paris !  Voilà, en tout état de cause, qui laisse bien des choses à penser.    

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Commentaires
H
Au moins pour ton téléviseur il ne s'agit pas d'obsolescence programmée. Quant à l'homme on le déclare obsolète à 55 ans au mieux. Le paradoxe, du moins chez nous en Belgique, c'est qu'on veut reporter l'âge de la retraite à 67 ans. Et c'est un docteur en médecine qui est ministre des pensions.
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M
Ah vous dirais-je Monsieur d'un vieux bougon lucide que votre chronique du coeur qui a toute sa raison. Elle illustre bien la non pérennité des promesses garanties mal tenues quant à nos biens et à notre bien entre les mains d'autrui, celles des polichinelles à la solde des vautours tyranno-conomiques. Marché économique moderne. Nous sommes toujours la bête humaine poussant la roue tournante du supplice au travail. Au nom du peuple et du fric pour nourrir les gros requins voraces qui entassent toujours plus de fric dans leurs paradis fiscaux. Les gros mensonges de la démocratie, les sains d'esprit n'y croient plus. Pour nos pays, le peuple est une machine à sous. De nos jours, quand la machine va piano rien ne va sano ! Une lecture intéressante: Au non du peuple et du fric et du sain d'esprit / Frédéric Boisrond. http://fredericboisrond.com/mailfrederic/bulletin01.html
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L
Merci, monsieur le Vieux Bougon ! J'ai trouvé formulées bien des choses que je sentais . Je crois qu'aux Etats-unis (qui sont ce qu'ils sont, "bien des choses à penser" là aussi, et à prendre et à laisser), ils ne sont pas si fous que nous, dans les entreprises, selon un ancien collègue très étonné, les machines, le matériel seraient souvent considérés comme obsolètes par nous mais ils les font durer et ils réparent, jusqu'au bout, étonnant, non ? Pour votre téléviseur, osez donc !
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L
Tu as raison ! le premier jour du quinquina de La Bévue je demandais des élections anticipées, on ne m'a pas écouté, voilà où on en est !
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