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Chroniques d'un vieux bougon
4 novembre 2016

L'automne à la campagne

automne

     Pour le campagnard comme pour le citadin en mal de bon air, l’automne offre une palette haute en couleurs. Les ors, les fauves et les safrans illuminent les frondaisons. Les sorbiers dessinent une flamboyante barrière bordeaux avec le chemin qui longe mon courtil. Les cornouillers laissent exploser leurs bouquets cramoisis sur la pelouse reverdie. La vigne vierge trace de longues phrases mordorées au cœur des ocres des bouleaux. (Quatre saisons au jardin) Dans quelques semaines, les arbres auront perdu leurs feuilles lourdes des nostalgies estivales. Le jardinier les entassera en de petits monticules que le vent de traverse s’empressera de disperser. Elles seront un compost à la fois riche et léger dans les potées de mai. Çà et là, les derniers cèpes et quelques russules tentent d’échapper à la cueillette et les trompettes de la mort finissent en poêlée avec une noix de beurre salé, d’huile d’olive, d’ail et de persil finement haché. Sombres et nappés de brumes, les sapins marquent leurs différences. Leur pudeur naturelle les empêche d’exposer à la vue du promeneur le squelette de leurs branches dénudées. En réalité, avec leurs épaisses aiguilles, ils se sentent assez forts pour résister au froid qui s’infiltre chaque jour un peu plus. Il leur faudra seulement s’arc-bouter sur leurs racines pour affronter les bourrasques montées de l’océan les jours de grandes marées. Les frênes, chênes et châtaigniers, les noisetiers, sureaux et aubépines s’accordent, eux, quelques mois de repos. Car où trouver assez d’énergie pour protéger leurs parures contre le gel quand la lumière décline chaque jour un peu plus et que la photosynthèse devient laborieuse ? Après avoir embrasé les futaies de grandioses et ardentes enluminures comme pour se faire pardonner, les seigneurs de la forêt comme les humbles fouillis des haies se dépouilleront sans vergogne, n’adressant plus au ciel que de sourdes suppliques pour le retour du printemps. À leurs pieds, de discrètes métamorphoses s’élaborent déjà. Cloportes, acariens et autres lombrics consomment goulûment les amidons, les sucres et les acides aminés. Bactéries et champignons microscopiques entrent ensuite en action pour décomposer les restes. De son côté, chaussé de bottes et armé de cisailles, le jardinier se jettera bientôt à corps perdu dans l’élagage avec l’illusion toujours renouvelée de maîtriser la nature. Il coupera, il éclaircira, il ébranchera, il raccourcira, il sabrera, il écrêtera, il débroussaillera. Au soir et à l’inverse de son entour qui se dépouille, il jettera un deuxième tricot sur ses épaules, son épouse ajoutera l’édredon de plumes d’oies sur la courtepointe du lit conjugal et ils lanceront dans la cheminée une joyeuse flambée de fayard qui fera tout l’hiver. Le matou quant à lui s’enroulera à demeure sur sa chaise en paille avancée au plus près des braises et le vieux chien Gaspar perclus de rhumatismes s’installera dans sa corbeille à côté du panier où sèchent les châtaignes. Et pendant ce temps-là, les pluies, et peut-être même la neige si le réchauffement climatique n’est pas trop virulent, emporteront jusqu’aux racines une manne où puisera la sève que les beaux jours réchaufferont. Les brindilles épargnées se gonfleront de nouveau de jeunes pousses encore fragiles, certes, mais que les tièdes caresses du soleil féconderont sans attendre en généreuses et sublimes fééries de verdures. Mais d’ici que revienne le temps du débourrage, tant de péripéties peuvent intervenir et laisser alors bien des choses à penser !

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Commentaires
L
Bref, c'est le temps des frimas !
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