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Chroniques d'un vieux bougon
21 novembre 2017

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

pourquoi 

        Petite gelée nocturne et brume matinale tenace pour une journée d’automne ordinaire. Une bûche de châtaignier crépite dans la cheminée. Enroulé sur le canapé, César s’est enfoncé dans une sieste monumentale. Monteverdi raconte la descente d’Orphée aux enfers avec les Arts Florissants dirigés par William Christie. Je me plonge dans L’Économie symbiotique d’Isabelle Delannoy qui ambitionne de régénérer la planète, l’économie et la société. Pourquoi le téléphone prend-il régulièrement un malin plaisir à interrompre ma lecture ? On souhaite me vendre des radiateurs électriques, des volets roulants, un contrat d’assurance-vie, une réduction d’impôts par un don pour la Recherche Médicale, la Lutte contre le Cancer, une Association Caritative. Là, je ne serais pas contre si mon argent servait vraiment, par exemple, à héberger les sans-logis qui hantent les trottoirs de nos villes ou à financer des repas chauds pour ceux qui en sont privés. Toutes les sociétés ont connu leurs riches et leurs pauvres. Au nom de la charité, les riches ont d’ailleurs été longtemps chargés de l’entretien des pauvres. Ils pouvaient ainsi acheter leur billet d’entrée au paradis. Hélas, ils se sont toujours organisés pour maintenir les pauvres dans leur état, de crainte sans doute d’en manquer et d’obérer ainsi leur éternité. Jusqu’au jour où notre civilisation a décidé que, dorénavant, tous les hommes seraient égaux en droits. Les pauvres auraient donc dû devenir riches, eux aussi. Certains pauvres devinrent certes moins pauvres. On les inscrivit même dans une nouvelle catégorie dite classe moyenne. Ni riches ni pauvres mais avec un toit, un feu pour l’hiver et un cabas rempli. Ils obtinrent même peu à peu l’eau chaude à l’évier, la télévision et les congés payés pour aller voir la mer une fois l’an. Mais de nombreux pauvres n’en restent pas moins sur le bas-côté de la route. Les économistes expliquent que les choses n’étant pas simples, les lois du marché ne suffiront jamais à éradiquer la misère. Tout juste en effet permettent-elles d’enrichir les riches. Les gouvernements successifs déploient alors des trésors d’imagination pour tenter, disent-ils, d’établir une meilleure répartition de la prospérité. Mais le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter. On dit que notre beau pays aux si vertes vallées, aux magnifiques monuments et aux commerces luxuriants consacre des sommes folles à soulager la pauvreté. Pourquoi donc tant de sans-abri sont-ils condamnés à la rue ? Pourquoi tant de mères de famille doivent-elle élever leurs enfants dans le dénuement ? Pourquoi tant de vieillards vivent-ils dans la plus grande indigence ? Ne savons-nous plus construire des logements ? Ne savons-nous plus faire pousser assez de blé pour donner du pain à tout le monde ? Nos maraîchers ne savent-ils plus faire pousser les poireaux, les carottes, les courgettes et les pommes de terre ? Nos paysans ne savent-ils plus élever assez de vaches pour donner du lait à tous les enfants, un morceau de viande à midi, un goûter au retour de l’école ? Qu’est donc devenu notre savoir-faire ? Combien faudra-t-il de rapports gouvernementaux pour nous indigner ? Combien faudra-t-il de cris d’alarme des Compagnons d’Emmaüs, des Resto du cœur, du Secours Catholique et autres Croix-Rouge et Secours Populaire pour nous scandaliser ? Combien faudra-t-il de "coups de gueule" des généreux bénévoles pour réagir ? Combien faudra-t-il de morts sur des bancs publics, dans des renfoncements d’immeubles, dans des appartements insalubres ? Voilà des questions qui laissent bien des choses à penser alors que nous nous dirigeons vers les ripailles de fin d’année.

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Commentaires
A
"Clodo est là pour enseigner cette terrible vérité : la normalité est sans issue. Sous le masque bienveillant de nos démocraties se cache cette totalitaire injonction : Citoyen sera productif ou lentement, et sans bruit, mis à mort.<br /> <br /> Qu'on ne s'y trompe pas. La souffrance des pauvres et des fous est organisée, mise en scène, nécessaire. la République tout entière verse des larmes de crocodile à la mémoire de nos chers disparus de la rue. Clodo vivant embarrassait ; voici son cadavre, garanti pur misérable hypothermique, déclaré d'utilité publique." 'Patrick Declerck - Le sang nouveau est arrivé. L'horreur SDF)<br /> <br /> De lui également : Les naufragés. Avec les clochards de Paris.
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L
Il y a longtemps que la guerre à la pauvreté est déclarée : Sus aux pauvres !!!
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L
Je vais être vulgaire...<br /> <br /> C'est de notre faute, on vote toujours pour des trous du cul qui représentent la finance, les riches...Ils faut des pauvres pour que les riches se rassurent !
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