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Chroniques d'un vieux bougon
7 janvier 2020

Assis sur le talus.

assis_talus

Un jour, il y a en gros trois millions d’années, un hominidé plus curieux que les autres aperçut du haut de son arbre les herbes de la savane onduler doucement sous les caresses du vent. Il éprouva derechef l’irrésistible envie de les explorer. Il y apprit la marche à pied, la course devant les fauves affamés et la chasse derrière les antilopes. Avec le temps et malgré les mille dangers qui l’environnaient, il s’y trouva bien et se répandit sans vergogne par les continents, toujours plus nombreux et toujours plus conquérant.

Un soir pourtant, il y a en gros 12 000 ans, devenu Sapiens et fatigué peut-être de déambuler sans but vers nulle part et depuis si longtemps, il s’assit sur le bord du talus et s’abîma dans la contemplation du paysage qui s’étendait sous ses yeux. Le soleil disparaissait derrière les collines, un milan tournoyait en larges cercles dans le ciel rougeoyant, les renards sortaient de leurs terriers dans l’espoir de surprendre quelque lapin aventureux et merles et moineaux emplissaient l’air odorant de leurs interminables chamailleries. Il décida de poser là sa besace et d’y bâtir une nouvelle vie. Depuis il s’entasse, toujours plus nombreux, dans des villes malodorantes toujours plus vastes et toujours plus surpeuplées.

Un soir, pourtant, las peut-être de rouler sans fin dans la cohue d’une autoroute encombrée et poussiéreuse, il bifurque par un chemin écarté, s’arrête et s’assied sur le bord d’un talus. Dans le calme et la quiétude de la journée qui s’achève, il respire tout son saoul les bonnes odeurs de la campagne. Les prairies étalent leur tapis verdoyant tacheté de coquelicots et de bleuets et dans les champs découpés comme des rapiéçages antiques, les blés ondoient lentement sous les cajoleries de la brise. Au loin, chênes et fayards tracent un horizon indécis et dans la lumière du soleil déclinant, un gypaète barbu dessine des arabesques ésotériques. Mais l’ombre de la nuit étend bientôt son rideau noir.

L’homme alors lève le regard vers la voûte céleste qui déploie en majesté ses fantasmagories cosmiques. Combien de planètes tournent, elles aussi, autour de ces points scintillants ? Combien de Terres avec leurs océans, leurs rivières et leurs vallées perdues au cœur des Monts ? Combien de savanes encore inexplorées ?

L’Homme peut paraître parfois fourbu et harassé mais il garde toujours à l’âme le goût de découvrir, de mesurer, d’arpenter, de jauger ! Il garde toujours cet impérieux besoin d’aller voir plus loin, plus haut, plus fort ! Il garde toujours cette indicible audace puisée au fond des âges et portée par des générations d’itinérances.

Peut-être faudra-t-il un jour en effet désengorger cette planète Terre surchargée de béton, d’asphalte, d’hommes et de machines. Peut-être faudra-t-il un jour se résoudre à fuir ces sempiternelles péripéties toujours plus déprimantes qui agitent nos sociétés, se suivent et se répètent à l’infini comme si aucune leçon n’en était jamais tirée. Peut-être faudra-t-il un jour retrouver des territoires encore vierges où l’air sera respirable, l’eau claire et limpide et la nourriture saine et bonne. Peut-être faudra-t-il retrouver des terres sans limites où engager de nouveau le pas et réapprendre à marcher, à courir et peut-être même à penser et à aimer ! Telle est la question posée à l’avenir du futur qui réservera, comme toujours, d’improbables surprises.

 (Suivre régulièrement les chroniques du vieux bougon en s’abonnant à newsletter)

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Commentaires
A
Entre la vie à la campagne et la vie en ville, certains choisissent la vie pavillonnaire en lotissements de plus en plus serrés aux abords des cités et des bourgs. Pour une illusion de Nature on abrite derrière une haie un mouchoir de pelouse identique à celui du voisin.<br /> <br /> Garder l'équilibre entre le bonheur de voir fleurir son cerisier nain et la nécessité de demeurer à proximité des commerces, écoles et bureaux est malheureusement le dernier recours pour de nombreuses familles et je ne suis pas sûre que cela participe à l'embellissement de notre territoire
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B
Soyons juste, vivre à la campagne à des côtés plaisants.certains côtés...<br /> <br /> Voir le rosier ouvrirsapremiere rose de l année, respirer l air après les foins, voir onduler le blé mûr dans les champs, admirer les petits veaux gambader dans les pres.<br /> <br /> En région parisienne j ai vu moult lever et coucher de soleil magnifiques. Encore faut il les regarder. J ai admiré des centaines de parterres fleuris magnifiques, même dans des villes de mauvaise réputation...encore faut il regarder, et prendre conscience de leurs présence et les admirer comme ils le mérite.<br /> <br /> <br /> <br /> Et a la campagne pas de transports, obligation de conduire et d avoir un véhicule, beaucoup moins de contact de proximité que ce que l on suppose.<br /> <br /> Et le feu dans l âtre, quel plaisir.<br /> <br /> Nous nous chauffons exclusivement aubois. Un poêle bois de 50cmsde long, l autre dans la cuisine bois de 35cms. En tout 16 m3 chaquehiver. A empiler en automne quand il est livré...à rentrer chaque jour....le rêve vraiment?, tous les mois démonter les tuyaux, les vider, les remonter....amusant vraiment?<br /> <br /> <br /> <br /> Il n y a pas de solution miracle<br /> <br /> Encore moi je juge normal:lestracteurs meme le dimanche, le fumier étale avant ou pendant les labours, les animaux échappés des pres qui bloquent la route, etc etc.<br /> <br /> Ce n est pas le cas de tous <br /> <br /> <br /> <br /> Et comment désengorger ? On est trop nombreux sur terre
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L
Cher Vieux Bougon, la fuite en avant est fortement compromise aujourd'hui. Et le futur existe-t-il encore ? Ou alors, il existerait à Lourdes ou bien encore chez un Vieux fou des Monts...😉
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L
Je me trompe peut être, mais je pense que ça va se désengorger tout seul !
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