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Chroniques d'un vieux bougon
19 mars 2021

Rétro du 21 mars 2017

Rétro : 21 mars 2017

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Concerto en mi majeur.

L’idée flottait dans l’air depuis deux à trois semaines. Les chatons des noisetiers dispersent à présent leur pollen à tout vent, les jonquilles exhibent sans pudeur leurs corolles jaunes et blanches, le rouge-gorge fait sa cour et les mésanges bleues investissent leur nichoir. Depuis dimanche matin et à l’adresse de la clientèle parisienne, la boulangère arbore son généreux décolleté pigeonnant et dans son officine, la pharmacienne diffuse, dans sa version "ascenseur", le concerto en mi majeur  d’Antonio Vivaldi. Comme si c’était le fameux prêtre roux italien qui donnait le signal de départ au printemps !  En réalité, l’affaire remonte à beaucoup plus loin.

Notre petite planète a connu depuis toujours nombre de convulsions qui ont peu à peu façonné son apparence. Basculements de son axe de rotation si approximatifs que les astronomes ont dû longuement plancher sur de complexes calculs de précessions des équinoxes et d’années bissextiles. Innombrables éruptions volcaniques dont l’Auvergnat peut chaque jour contempler le résultat à travers le troupeau des Puys tant recherché par randonneurs du dimanche et les curistes arthritiques. Pluies de météorites rarement prévues par les services de météorologie  dont se servirent par exemple les constructeurs de Charente-limousine pour bâtir leurs thermes gallo-romains, leurs églises ou leurs chaumières. Mouvements hercyniens dus à la dérive des continents qui permettent aux skieurs de descendre "tout schuss" les pentes escarpées de leurs montagnes préférées.

Refroidissements climatiques dont les formidables glaciers creusèrent dans des roches vieilles de plusieurs millions d’années des vallées en U, contrairement aux rivières qui creusent leur lit dans des vallées en V comme on nous l’apprenait jadis à l’école communale. Réchauffements tout aussi climatiques qui faisaient fondre les glaces, dégageant ainsi de vastes prairies tapissées de coquelicots, de pâquerettes et de diplodocus. Lesquels abandonnèrent la place aux petits mammifères rongeurs tels que les musaraignes, les taupes et les campagnols. Puis les fous de Bassan, les choucas des clochers et les gypaètes barbus peuplèrent bruyamment les cieux et les grillons du métro, les puces de chien et les cancrelats s’insinuèrent dans les interstices domestiques. Le temps était alors venu de mettre en place les saisons afin de stimuler l’inspiration des poètes bucoliques, de fixer les dates des vacances scolaires et de soutenir le commerce des maillots de bain et, plus généralement, du prêt-à-porter féminin.

Mais le printemps n’a pas que des répercussions sur le calendrier ou la faune et la flore des courtils. Il pénètre aussi les villes depuis les trottoirs des boulevards pour touristes étrangers où la parisienne met un point d’honneur à remonter sa jupe au-dessus du genou pour faire couleur locale jusqu’aux rues les plus sombres où s’embrassent furtivement les adolescents. Car c’est la période où la jeune fille inflige à son entourage ses langueurs monotones, répond impoliment à sa mère qui lui demande de "faire la vaisselle" et regarde d’un œil énamouré le boutonneux du cinquième ; elle a besoin d’un mari. Et c’est également la période où l’énarque commence à préparer ses examens, rougit bêtement lorsque sa professeur de théâtre l’interroge et jette ensuite sa gourme par-dessus les moulins avant de se lancer dans la politique.

On voit par-là que l’équinoxe de printemps peut ouvrir sur des aventures qui laissent toujours bien des choses à penser.

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Commentaires
L
Un texte qui m'amuse par son déroulement et dont la chute, après un petit détour du côté de l'adolescence, débouche sur quelque chose de plus brûlant. Le tout, sans vraiment nommer un couple hors normes, vu que c'est plutôt l'inverse qui s'est longtemps imposé dans nos sociétés. C'est sans doute cela le changement profond, non ?
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L
Cher Vieux Bougon, les commensaux ont toujours accompagné la domus, pour des facilités nourricières d'abord, et peut-être aussi pour y découvrir les rituels d'homo sapiens sapiens. Mais si le le printemps est un réveil, quant est-il de cette syndémie toujours en éveil ?
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L
Le printemps sera perturbé...Loulou printemps-ologue.
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