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Chroniques d'un vieux bougon
9 septembre 2021

Des bienfaits de la bonté.

bonte

Une ardente bavarderie secoue le bureau de tabac-presse  du village. À droite, les scandalisés  qui fustigent le laisser-aller de la nouvelle municipalité. À gauche, les solidaires qui ne trouvent pas les mots pour plaindre les malheureux auteurs du délit. Au milieu, qui n’est pas le centre, l’adjoint au maire aussi choqué que les premiers et muet que les seconds. Et étalée sur quatre colonnes en première page de l’Echo Populaire, la photographie en quatre couleur des décombres de la Boite à Livres municipale vandalisée par des inconnus anonymes. C’est agaçant, dit Vincent qui l’avait fabriquée avec des planches de palette ponçées à cœur et soigneusement vernies. Selon la pharmacienne, c’est sans doute des gamins, précise la boulangère depuis son comptoir au bout de la rue. Des gamins qui s’ennuient, ajoute en écho depuis la mairie l’animateur social en vacances au moment des faits. Moi je dis, achève le mari de la tenancière des lieux, les bras croisés devant l’étal des livres et des revues, c’est la culture qui est bafouée !

Et l’ancien garde-champêtre à la retraite de lui jetter un regard soupçonneux car, après tout, cette boite où les livres sont d’accés libre et gratuit faisait concurrence à son commerce ! Jusqu’à quel point n’a-t-il pas incité les "petits jeunes ", comme on dit, à la bousculer un peu sinon même à la rendre inutilisable ? Un coup d’œil vers les autres clients lui laisse à penser qu’une partie d’entre eux partagent ses réflexions mais il ne dit mot car c’est ainsi que de vilaines opinions s’insinuent peu à peu dans les têtes, courent les chemins de ferme en ferme et corrompent les relations jusque là paisibles de toute une communauté. Il faut faire attention aux mots.

D’aucuns prétendent d’ailleurs que la culture aide précisément à les comprendre et à les employer à bon escient. Et pas seulement ceux du dictionnaire que personne n’utilise plus guère depuis l’arrivée d’internet mais surtout ceux des livres. Agencés en phrases, en paragraphes et en chapitres, ils donnent du sens aux idées, les fouillent, les approfondissent, les cisellent et, à l’arrivée, contribuent à la compréhension du monde, à différencier le bien du mal et à communiquer avec ses semblables. En un mot, la culture serait le ciment des civilisations.

Depuis plus d’un an, les théatreux et autres gens de scène ont ainsi occupé à demeure les écrans de télévision pour tenter de convaincre le gouvernement de l’importance essentielle de la culture vue à travers  les spectacles. La culture est vivante, disaient-ils, elle ne saurait exister et se répandre que depuis les trétaux ! Faisant fi des romans et autres essais savants que l’on peut parcourir tranquillement chez soi, dans son fauteuil, en écoutant quelque sonate pour piano de Mozart ou de Rachmaninov.

Car la musique, elle aussi, participe à la culture. On dit même qu’elle adoucirait les mœurs ! À entendre toutefois la vivacité des slogans dans les manifestations, l’ardeur des controverses qui opposent les spécialistes en tout et l’exaltation qui enflamme les discours ici ou là, on pourrait plutôt conclure que la musique a été la grande absente culturelle de ces derniers mois. Même si l’on peut l’écouter tranquillement installé dans son fauteuil grâce la radio, à sa chaîne stéréo ou son téléphone portable, le progrès ne s’arrête jamais.En un mot, donc, la culture semblerait bien avoir été la grande oubliée de l’année écoulée.

Est-ce si grave ? L’Histoire nous rappelle que si la culture est quelque part essentielle, elle n’est hélas pas suffisante. Peut-on dire ainsi que, dans les années trente du siècle dernier, le peuple allemand manquait de culture avec des auteurs comme Goethe ou Schiller par exemple, des compositeurs comme Bach ou Bethowen, des cinéastes comme Fritz Lang ou F.W.Murnau ou des dramaturges tels que Bertholt Bretch ou Ödön von Horvath ? Elle a pourtant peu fait barrage aux idées nazies. Alors oui, la culture est importante mais il faut lui adjoindre le respect de l’autre, la bienveillance et la bonté, toutes qualités qui, elles, sont essentielles à l’harmonie de notre "vivre ensemble".  

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Commentaires
L
La musique...Bonne journée.
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