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Chroniques d'un vieux bougon
17 mai 2022

La langue française.

langue_fran_aise

Visite en la capitale du département pour y rencontrer un journaliste en quête de confidences au sujet d’un éventuel prochain roman. L’entretien se déroule dans un restaurant plutôt cosmopolite où les parlers s’entremêlent en un capharnaüm inextricable et assourdissant. Les démographes s’accordent à recenser, en gros, 7 943 347 632 êtres humains sur Terre dont plus ou moins 67 872 639 Français et 7 875 474 993 étrangers. Or, la grande majorité de ces derniers s’exprime la plupart du temps dans une langue elle aussi étrangère. Ce qui conduit régulièrement à nombre de quiproquos, malentendus et autres confusions qui compliquent la vie au quotidien.

Ainsi de Jürgen, brave touriste germanophone en tout point ordinaire croisé une heure plus tôt dans une rue voisine. Natif de Munich, il arbore une soixantaine rubiconde qui doit beaucoup au "schweinebraten" et à la "bier" et ne parle et ne comprend que les dialectes "schderapfudzger" et "knedla" mâtinés de "deutsche Sprache" contemporaine. Impossible donc pour lui de concevoir la différence existentielle qui sépare un vulgaire pain au chocolat d’une authentique chocolatine. Or, cette méconnaissance de la langue française vient précisément de provoquer chez lui un désagréable sentiment d’insatisfaction qui brouillera pour longtemps sa perception de notre beau pays et d’entraîner par contrecoup une amère frustration pour l’accorte boulangère qui a ainsi perdu une vente.

Blessée dans son amour-propre de commerçante, celle-ci risque dès lors de déprimer, de se gaver d’antidépresseurs dont les désastreuses pâtisseries à la crème Chantilly et autres religieuses, éclairs au chocolat ou profiteroles, de devenir irritable, d’houspiller ses enfants pour des broutilles, d’ajouter des rondeurs à son tour de taille et de se brouiller avec son boulanger de mari qui demandera le divorce. Voilà une famille brisée, un destin fracassé et une boulangerie artisanale de plus qui ferme ! Alors que si notre ami s’était tout bonnement exprimé comme tout le monde, c’est-à-dire en français, tous ces drames auraient été évités ! Il pourrait même, ensuite, demander son chemin à l’agent municipal qui règle la circulation au rond-point, il y a toujours un rond-point quelque part, commander un blanc sec avec son œuf dur au zinc du bistrot de la rue principale et apprécier à sa juste valeur la galéjade du carambar "typiquement français" qu’il offre à son blondinet de fils pour le détourner de son indécrottable téléphone portable.

Est-ce dans l’espoir d’éviter de tels embrouillements que le Ministère encourage nos distingués professeurs de l’Éducation Nationale à enseigner la langue de Shakespeare ? Le prétexte avancé est que l’anglais serait la langue la plus pratiquée dans le monde en dépit des actuels 220 millions de terriens dont la langue maternelle est le français, ce qui n’est pas rien ! Il faut toutefois se montrer charitable envers nos grands penseurs de la rue de Grenelle, leur tâche est ardue. Certes, l’usage tend à se perdre des patois d’autrefois qui permettent aux pensionnaires de certains Ehpad perdus dans les profondeurs provinciales d’échanger des messages sibyllins dignes de cryptages de services secrets. Mais demeurent de nombreux territoires de la République tels que nos grandes écoles pour hauts-fonctionnaires, conseillers financiers à l’international et virtuoses du numérique ou simplement les rues et places du département de la Seine-Saint-Denis et autres banlieues parisiennes, où l’on pratique un incompréhensible volapuk qui dérouterait le plus jeune titulaire d’un fauteuil à l’Académie Française !

C’est pourquoi on ne saurait assez suggérer à nos talentueux ordonnateurs des programmes scolaires de décréter l’apprentissage de la langue française dès l’école maternelle, contribuant ainsi à rendre peut-être notre "vivre ensemble" hexagonal un peu plus harmonieux dans un monde babélien qui, de surcroît, marche de guingois.

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Commentaires
L
Ah l'anglais... pas ma tasse de thé. Et ce depuis le premier cours dispensé par M. Douchin. Je parviens à lire en anglais (avec l'aide d'un traducteur quand le sens m'échappe, mais pour ce qui est de le parler...). En revanche, j'ai plus de 10 ans de latin derrière moi, et autant j'excelle dans les langues dites latines (espagnol, italien, portugais, roumain...) moins je m'incline face à l'anglais ou l'américain. Pour l'instant, la langue de la diplomatie est encore le français, même si en Europe, lors des réunions, l'anglais est davantage parlé. Sans compter le nombre de pays, notamment africains ou en Amérique du sud, ou le Canada, qui, via la colonisation, a répandu notre langue. <br /> <br /> Je ne déteste rien tant que ce tic verbal, [notamment dans le monde journalistique] alors qu'il existe des formules équivalentes en français, l'utilisation quasi systématique de mots anglais (ex : brain storming, prime time...). Il y a là un snobisme qui appauvrit notre langue. Quelle misère !
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L
Un travail immense !
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