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Chroniques d'un vieux bougon
26 janvier 2016

Rugir de plaisir

meteo_vide

        Alors que j’évoqueavec mon amie Marthe Dumas, du mas du Goth, le fleurissement tardif de géraniums, elle me répond par le bon vieux dicton de nos grand-mères, "Noël au balcon, Pâques aux tisons". « Et il ne date pas d’hier, ajoute-t-elle. Dans son Histoire du climat, Emmanuel Leroy-Ladurie le fait remonter au Moyen-Âge ! » C’est assez dire combien est surprenant l’étonnement des météorologues de la télévision au sujet de la soi-disant vague de chaleur qui aurait submergé nos contrées en ce début d’hiver. Certes, à quelques encablures à peine de la fameuse Com21, ils ne pouvaient, sans risque, écarter la culpabilité du réchauffement climatique. Mais une simple consultation de l’almanach Vermot aurait suffi à les rassurer : la situation était normale. Si normale d’ailleurs qu’elle n’a pas tardé à retenir le mercure dans les dolines, envoyé une belle perturbation océanique à travers l’hexagone à l’occasion des grandes marées et distribué, ici ou là, quelques flocons sur les courtils et les autoroutes. Il n’en demeure pas moins que la faiblesse de la couche de poudreuse sur les pistes de ski aurait pu provoquer de sérieux dommages dans nos médias. Point de naufragés de la route contraints de dormir dans des gymnases chauffés à cause de chutes de neige trop abondantes sur les voies de communication. Peu de skieurs ravis s’apprêtant à engager leurs fesses bien protégées dans les remontes pentes. Peu d’accortes serveuses afférées autour de tablées hilares dans des chalets d’opérette. Tout juste quelques vues soigneusement choisies sur la montagne à destination d’éventuels candidats prêts à tout pour "s’éclater" en "hors-piste". L’écran vide menaçait. Restaient bien sûr quelques chavirements dramatiques de bateaux de réfugiés dans les eaux glacées de la Méditerranée, les boues fétides où baignent les tentes de fortune des migrants tentant vainement de passer en Angleterre et quelques explosions meurtrières par-ci par-là dans le monde grâce aux fanatiques déshumanisés de l’islamisme radical. Mais était-ce vraiment l’heure, alors, de troubler les ripailles consensuelles de fin d’année ? Au risque de raviver la mélancolie du consommateur entraînant de facto le retrait des publicitaires et le réveil prématuré des terribles diarrhées des lendemains de fêtes. Comme ils ne se déroulaient pas chez nous, on put malgré tout évoquer avec l’arrivée de véritables froidures hivernales les comportements de malotrus avinés de certains immigrés autour de la gare de Cologne. Ce qui permit d’éviter un recours humiliant à la mire. Mais les inconvénients du réchauffement climatique peuvent devenir des avantages ! Les plus astucieux en usèrent avec, le 31 décembre, quelques beaux clichés de couchers de soleil sur la mer entre deux réflexions oiseuses de clients affalés en terrasse. L’honneur était ainsi sauf. Bien sûr, derrière ces belles images couraient toujours en filigrane les disputations politico-médiatiques habituelles. Mais elles font désormais si bien partie du bruit de fond quotidien que nul ou presque n’y prête plus guère attention. D’autant plus que nous vivons actuellement un nouveau choc de réchauffement ! Toutefois, la lune étant en phase décroissante et en trajectoire descendante, il reste fortement déconseillé au jardinier de semer ses radis roses et de greffer ses rosiers. Mais comme elle entre dans la constellation du lion, il pourra toujours rugir de plaisir en élaguant ses haies. Mais cela lui laissera ensuite, la fatigue aidant, bien moins d’appétence pour les choses à penser.

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Commentaires
L
Je suis en train de tailler les oliviers...
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