Aperçu ce matin deux fillettes...
Extrait de "L'Homme qui marche vers nulle part"
Aperçu ce matin deux fillettes
chantant dansant riant
en robe rose et soulier blanc
Elles ont illuminé le jour
de rengaines d’antan
de gigues rondes et cabrioles
par chemins creux taillis et bois
Au soir glissant et déclinant
sous le ciel en nuages et lune rougissante
j’ai pris abri en borie de guingois
mangée de ronces et d’herbes folles
La brise fredonne dans les genévriers
Les moineaux se hèlent dans la lande
Les pies jacassent dans les halliers
Du hameau en contrebas montent par instants
des éclats des silences des pleurs des chuchotements
Et j’entends les rires des fillettes
chantant dansant riant
à l’ombre du tilleul blanc
Et j’entends les rires et les chants de Juliette
dans la rue à l’école dans sa chambre
Les rires et les chants de Juliette
depuis longtemps perdus
si longtemps si longtemps
La nuit recouvre la colline la combe et les bosquets
et ses rires et ses chants bondissants
escortent mon sommeil musardant
en sourires étourdissants
J’ouvre les yeux et encore je l’entends
dans l’ombre pâle des lauses glissantes
des chuchotis de la brise changeante
du ballet muet des herbes sous la lune rouge-sang
Ses rires veillent ma nuit jusqu’au matin levant
Au ruisseau j’éclabousse à grande eau
mes idées grises mes rêves saouls mes illusions
Mais son babil sur les rochers luisants
se mêle aux rires et aux chansons
des deux fillettes chantant dansant riant
en robe rose et soulier blanc
Je reprends mon chemin
de mon pas hésitant
vers mes ailleurs revêches
précaires et chancelants.
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