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Chroniques d'un vieux bougon
22 mars 2011

Les bûcherons et le ruisseau

       Hier soir, les bûcherons qui taillent et coupent dans la combe en contrebas de mon jardin ont rangé leurs tronçonneuses. Un camion a emporté les deux percherons qui assuraient le débardage. Le contremaître a arrêté son 4X4 devant ma porte une dernière fois."C'est fini, a-t-il affirmé. Avec la pente, c'était pas du facile mais on y est arrivé !" Je n'ose imaginer dans quel état chaotique ils abandonnent le terrain!  Je décide malgré tout d'aller constater l'étendue des dégâts.

         Un intense charivari de moineaux, merles et geais agite les haies du chemin. Dans les futaies, pies et corbeaux se disputent les meilleures branches. Un écureuil se faufile devant moi avant de disparaître dans un buisson de houx. Le sol, quant à lui, est complètement défoncé. Deux profondes ornières remplies de boue marquent à présent la direction à suivre. A cette époque de l'année, les talus sont d'ordinaire couverts de violettes, de primevères et d'oreilles d'ours. Ils ont été labourés par les roues des engins et n'offrent plus qu'un spectacle désolé de racines dénudées et de pierrailles. Au bout du chemin m'attend un fatras indescriptible. Un ruisseau dévalait la colline et traversait le sentier avant de poursuivre sa course sous les frondaisons. Ce n'était encore qu'un modeste ru tout juste jailli de sa source à quelques perches de là. Mais les pluies d'automne l'avaient grossi et il courait gaillardement en se donnant des airs de torrent de montagne. En lieu et place de son lit rocailleux, il n'y a plus qu'une vague tranchée creusée dans le tuf et la glaise. L'eau si claire et si limpide se perd maintenant, jaunâtre et boueuse, dans ce qui reste du sous-bois. Comment peut-on être si peu respectueux d'un bien aussi précieux que l'eau ?

          Partout dans le monde, l'accroissement démographique augmente la pression de l'homme sur des terres déjà surexploitées. Le réchauffement climatique accroit la fréquence des sécheresses et intensifie les orages et les inondations qui détruisent des récoltes souvent déjà trop maigres. Il est là le véritable enjeu du vingt-et-unième siècle. Non pas dans une fuite en avant contre l'augmentation du fameux CO2 _ tous nos efforts pour en limiter la progessrion ne donneront jamais que des résultats marginaux_ mais dans la lutte pour l'approvisionnement des terres et des populations en eau. L'urgence est à notre porte avant que n'explosent famines et révoltes incontrôlables. Et d'autant plus lorsque par bêtise ou simple paresse, un modeste ruisseau est dispersé et le monde qu'il faisait vivre détruit. Car à chaque fois qu'un ruisseau disparaît, c'est la Terre et Vie qui meurent avec lui. (Roland Bosquet)

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