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Chroniques d'un vieux bougon
24 mars 2011

Raymond LECLERC

      Sur la chaîne stéréo, Jean Hubeau au piano et Paul Tortelier au violoncelle interprètent la sonate n°1 opus 109 de Gabriel Fauré. Sous les arpèges savants se répand dans ma maison l'écho des psaumes en grégorien des moines de Solesmes. Divin moment de repos et de paix après une journée passée à gratter la terre de mon jardin sous un soleil éclatant. Divin moment de recueillement où l'âme a libre cours. "Seigneur apprend-nous à bâtir une maison qui ferme ses volets à l'usure du temps et ouvre ses portes à ceux qui ont besoin..." écrit Michel Hubaut. Je suis dans cet état d'esprit lorsque le téléphone sonne. "Raymond est à l'hôpital !"

       Une bouffée d'émotion me submerge. Dans mon imagination défilent les silhouettes de Firmin, de Chanturgue, de Julien et de Junon, les héros de l'épopée des Fayol de Raymond Leclerc (Éditions Pygmalion/ Gérard Wathelet) Éclipsée par le succès de librairie et de télévision des "Rivières Espérances", les aventures du fils du charbonnier du Périgord au dix-neuvième siècle les valent largement. Ce fut d'abord, pour Raymond Leclerc, un formidable travail d'ethnologue pour retrouver, au plus prés, les vérités historiques et sociologiques de l'époque. Il nous les fait revivre à travers des rencontres éclairantes qui permettent de suivre les mouvements désordonnés et souvent contradictoires de ce siècle qui a si largement débouché sur les inventions de son successeur. Puis il s'est livré à une recherche constante de l'expression la plus juste qui retrace le plus fidèlement possible la vie de ce petit peuple qui peinait chichement au fond des bois, sur ses gabarres et jusqu'au coeur des plus hardies entreprises révolutionnaires. Mais je retiens par dessus tout son souci permanent d'apporter au lecteur cette poésie qu'il peut lui être parfois difficile d'aller chercher lui-même.

       Car Raymond Leclerc est d'abord un poète. Il ne faudrait pas oublier le "Festin des Mers", "Rimes de Sables", "La part des Humbles" et "Une Lumière Couleur d'Etang". "L'argile avait cessé de n'être que l'argile. Capturée par la main souveraine, la coulée de terre crue, fiable et souterraine, n'était plus ce grenu de matière fragile, inerte et accrue", écrit Raymond Leclerc à propos des sculptures de Barbara Soïa. Raymond est à l'hôpital et mon âme est en berne. (Roland Bosquet)

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