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Chroniques d'un vieux bougon
29 mars 2011

Histoires inextraordinaires

        Lorsque j'arrive, la musique de Tri Yann emplit la maison avec la fameuse complainte de la jument de Michao. "Finissez d'entrer !" me crie Hélène depuis sa cuisine. Allongée sur le canapé, Sarah feuillette une revue, les écouteurs de son iPod rivés aux oreilles. Elle lève vaguement les yeux vers moi et se replonge aussitôt dans l'examen approfondi d'un article probablement "trop bien". Sur la table du salon, j'aperçois un livre dont le titre m'interpelle:"Histoires Inextraordinaires". Le nom de l'auteur m'est bien connu pour avoir pratiqué en sa compagnie plusieurs séances de dédicaces. Il s'agit de Jean Loehr qui a déjà publié "Un Parfum de Récré" (Éditions de la Veytizou). Ainsi donc, le bougre a pris goût à l'affaire et a poursuivi sa besogne de chroniqueur du passé.

         J'ai bien aimé le "Parfum de Récré". Des souvenirs d'enfance sans autres prétentions que de fixer des images de bonheurs quotidiens. Les apprentissages scolaires, familiaux et sociaux. Sans vrais drames et de pleines panières de petites joies qui éclaireront _ mais on ne le sait pas encore_ les jours gris qui viendront immanquablement. La vie d'un bourg ordinaire un peu perdu au fond du Limousin. Les années de guerre sont dépassées. Le pain ne manque plus mais on l'aime tellement qu'on mangerait du pain avec le pain. Comme pour se persuader que les jours de disettes sont révolus. Les adultes se réservent d'ailleurs les dernières privations. Les enfants, eux, goûtent une liberté qu'ils ne connaîtront bientôt plus. Autonomie relative, toutefois, car, à la campagne, il y a toujours quelqu'un quelque part qui vous voit et a toutes autorisations pour vous réprimander, voire, vous corriger. Et il vaut mieux ne pas en parler à la maison car c'est, en plus, la taloche assurée. En fait, j'ai retrouvé dans ce parfum de récré mes propres années d'enfance. Elles se déroulèrent en Normandie mais la vie rurale y était identique. Dans ses "Histoires Inextraordinaires", Jean Loehr entre dans le monde des adultes avec le même esprit légèrement caustique et le même recul amusé.

          Tri Yann pleure la triste histoire du lac Kalonkadour lorsque Sébastien nous rejoint à la table de la cuisine. Pâté de canard, lapin pommes de terre, pain maison et cidre de la ferme. Nous parlons du livre de Jean Loehr. "Il n'y a aucune intrigue dans le "Parfum de Récré", dit Hélène. Mais c'était toujours avec le même plaisir que j'y retournais dès que j'avais quelques minutes devant moi!". "En plus, renchérit Sébastien, avec un style simple. Tiré au cordeau. Pas une mauvaise herbe. Des allées dégagées et une terre riche et aérée. Un travail de jardinier." "Vous saviez qu'il a été mon instituteur?" conclut Hélène.

         "Vous parlez de quoi ?" s'enquiert soudain Sarah qui consent à sortir de sa rêverie. "Des Histoires Inextraordinairesé de monsieur Loehr!" "Je ne savais pas que les néologismes poussent aussi au milieu des légumes !" (Roland Bosquet)

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