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Chroniques d'un vieux bougon
28 mars 2011

Les hirondelles, Emile, Bach, Haydn et Mozart

      Alors que je reviens de sortir les chèvres naines de leur enclos pour les laisser paître l'herbe tendre qui pousse au pied des arbres du verger, j'aperçois mes premières hirondelles de l'année. Sans doute les habituées qui reviennent au nid qu'elles ont maçonné il y a deux ans contre les poutres du garage. Elles tournent et virent comme pour inspecter les lieux, vérifier la solidité de leur construction et sa disponibilité. Elles accompagnent leurs allers et retours d'un discours incessant, telles les pipelettes au marché du samedi matin, et commencent déjà à répandre leurs fientes un peu partout. Elles présentent cependant l'avantage de faire la chasse aux araignées et aux moucherons. Adèle les surveille de prés dans le mince espoir de les attraper. Qui a dit que la nature est "bonne" et que c'est l'homme qui la pervertit ? Me faudra-t-il lui lire quelques pages de l'éducation d'Emile de ce brave Jean-Jacques ?

        Je ne me retirerai pas, quant à moi, dans ce faux refuge que pourrait être mon petit paradis personnel. C'est toujours avec impatience que je rejoins mes vieux amis du Céladon sous le prétexte de consulter quelque livre indispensable à la Grande-Médi@thèque. Nos propos y sont souvent anecdotiques et dérisoires pour la bonne marche du monde. Leur vrai prix est dans notre plaisir unique à les partager. Par ailleurs, écouter seul de la musique ne me procure qu'une jouissance toute relative. Je préfère bien m'installer dans un fauteuil, même plus ou moins confortable, avec le Hibou et Sophie et jouir du spectacle des musiciens sur leur estrade. Ils adaptent leurs partitions à leurs moyens, à leurs publics ou aux désirs du chef d'orchestre du jour. Mais, à chaque fois, c'est la Vie qui se glisse ainsi par ces interstices. Ce fut le cas samedi dernier où nous nous sommes transportés jusqu'à une petite salle perdue au coeur d'un modeste bourg de Charente. Acoustique approximative, chaises qui grincent sur le ciment, raclements de gorge et éternuements intempestifs assurés. Mais des auditeurs attentifs et heureux de sortir de leur quotidien et de découvrir, parfois, d'autres accords et d'autres mélodies que celles débitées par les radios. Bach, Haydn et Mozart auraient peut-être crié au scandale de voir leur génie ainsi malmené. Mais leurs auditoires de courtisans étaient-ils toujours aussi réceptifs à la beauté de leurs créations ?

         Non, j'ai trop besoin du concours de mes semblables pour me reclure dans quelque piètre tour d'ivoire ! Ne serait-ce que pour le plaisir pervers de les regarder s'agiter en tous sens _et si souvent en vain_ à la poursuite de leurs mirages. Mais ils m'observent probablement aux-même avec une identique ironie sinon un peu de pitié. "Ah, le vieux aujourd'hui !" (Roland Bosquet)

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