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Chroniques d'un vieux bougon
8 septembre 2023

Où va le nord?

Perseides

Qui ne s’est jamais couché dans l’herbe pour admirer la chevauchée des nuages à travers l’azur ? Qui ne s’est jamais amusé à imaginer mille silhouettes dans les boursouflures des cumulo-nimbus, là un lion alangui à l’ombre d’un baobab, là un mouton endormi sous un olivier, là quelque voisine croisée à la boulangerie ? Le mois d’août est aussi propice à la contemplation du ciel nocturne tapissé alors des reflets de la voie lactée et traversé d’essaims d’étoiles filantes, les fameuses Perséides. On dit à leur sujet qu’il existerait, quelque part, un cimetière secret où elles vont reposer en paix après leur course folle à travers le cosmos infini.

Quoiqu’il en soit, il est minuit et mollement allongé dans votre chaise longue au milieu de votre pelouse jaunie par la canicule et un verre de vin rosé frais à portée de main, vous ignorez le chien qui aboie au loin et les chauves-souris qui dansent leur ballet au-dessus de votre tête. Vous contemplez le ciel et distinguez facilement la grande ourse confortablement installée dans son chariot tiré par ses trois chevaux fourbus de chaleur. Non loin d’elle, sa petite sœur tente de l’imiter mais Céphéide, la quatrième roue de son carrosse, donne des signes de faiblesse. On disait autrefois qu’elle désignait le nord aux hardis navigateurs normands qui hantaient les mers. Ils scrutent aujourd’hui leurs écrans car, visiblement, le nord a disparu.

Les scientifiques le mesurent chaque jour un peu plus : le nord fond. Les ours blancs dérivent sur une mer qui se réchauffe, les aventuriers ne pourront plus bientôt rejoindre le pôle à pied et les Inuits s’abriter sous leurs igloos. Le permafrost sibérien recrache autant de méthane dans l’atmosphère que les activités humaines de CO2. Il dégage pour l’occasion les dépouilles de dinosaures et autres mammouths laineux disparus depuis des millions d’années et libère nombre de virus et de germes inconnus dont nous tenteront bientôt de nous protéger de nos masques chirurgicaux. En un mot, le nord expire et nous autres, les Occidentaux, désormais privés de notre étoile polaire qui nous indiquait depuis toujours le sens de l’Histoire, nous errons à l’aveuglette à la poursuite de notre avenir.

Mais ne soyons pas pessimistes. On dit dans les médias, et même dans les livres, que les jeunes d’aujourd’hui s’en préoccupent. Comme leurs parents et grands-parents, ils contestent bien sûr les réalisations de leurs aînés. Regardez, disent-ils, dans quel état vous nous laissez la nature ! La planète étouffe, la planète se meurt ! Qu’ils se rassurent : les vieux mourront avant. Ils resteront dès lors les seuls à épuiser la Terre pour s’alimenter en salade verte, (ah le cri de douleur de la laitue romaine que l’on l’arrache de la glaise du potager !) à se nourrir de quinoa et d’avocats du bout du monde, (seraient-ils moins vivants que les veaux, vaches, cochons et couvées de nos contrées ?) et à circuler à bicyclette (dont il faudra toujours extraire les métaux qui la constituent d’un sous-sol qui s’appauvrit inéluctablement).

Nos pères n’avaient pas su éviter la guerre et elle a tout détruit. Lorsque nous, les "baby-boomers", sommes nés, tout ou presque était à reconstruire et nous avons reconstruit. Avec les moyens du bord. Nous en avons même ajouté quelques-uns dont vous, les jeunes, ne rechignez d’ailleurs pas à user et abuser. Alors à vous désormais de poursuivre la marche de nos ancêtres communs. Comme l’ont fait toutes les générations qui se sont succédé depuis la nuit des temps !

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Commentaires
L
À votre santé !
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L
Cher Vieux Bougon, toujours votre clairvoyance amusante qui fait du bien avant d'aller revoir la Cité de Carcassonne et savourer quelque frais et minervois rose. A+ 🥂
Répondre
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