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Chroniques d'un vieux bougon
25 février 2020

Les paranthropes

paranthrope

Au début, Australopithèque en avait peur et hésitait à s’éloigner de son arbre. Les grondements de tonnerre qui font trembler l’air, les éclairs qui traversent le ciel devenu noir, le spectacle des onyx, gazelles et antilopes qui s’enfuient en tous sens et celui des flammes qui jaillissent d’un coup et embrasent les herbes sèches de la savane sont toujours impressionnants. Mais Erectus, son héritier, apprit bientôt à maîtriser ce feu en le conservant entre quatre pierres dans un recoin de son abri. Il fallait bien sûr l’approvisionner régulièrement faute de quoi il s’éteignait. Mais il éclairait la nuit, éloignait les fauves et apportait une douce tiédeur goûtée des femmes et des enfants. Puis il s’aperçut, au hasard peut-être d’une maladresse, que la viande était moins dure à mâcher lorsqu’elle y avait été exposée, qu’elle était plus goûtue et sa digestion plus aisée.

De nombreux millénaires plus tard, son descendant, Sapiens, inventera des fours pour fabriquer des armes propres à embrocher ses adversaires sur les champs de bataille et des cuissots de chevreuil, des cochonnets bien gras et des poulardes bien dodues au-dessus d’un épais tapis de braises. Plus tard, dans les vastes prairies américaines, les vachers qui avaient chevauché tout le jour pour surveiller leurs troupeaux de bœufs appréciaient une ou deux cuisses de lapin rôties sur un "barbecue" de fortune. À l’école de la survie où la débrouillardise est reine, les boy-scouts pérennisèrent cette habitude.

À la fin du siècle dernier, la mode du "retour à la nature" s’en emparera. On vit fleurir à l’été sur les pelouses des pavillons de banlieue des "barbecues" de plus en plus élaborés. Sempé immortalisera la scène dans un dessin plein d’humour où l’on voit un nuage noir surplomber tout un lotissement et sur chaque carré d’herbe verte tondue bien rase, un homme faire griller ses saucisses, merguez et entrecôtes sur le charbon de bois. On n’utilise plus guère de nos jours ce moyen archaïque. On le remplace souvent par le gaz, moins polluant et surtout moins salissant ; on privilégie même de plus en plus la "plancha" à la fois plus exotique et moins nocive pour la santé.

Mais en ce début de troisième millénaire, une nouvelle pratique semblerait vouloir s’imposer : le "véganisme" ou le refus de consommer tout produit issu des animaux ou de leur exploitation. Adieu donc aux rencontres festives et conviviales autour du "weber" dernier cri et place à l’austère haricot vert, à la courgette sans saveur et au chou brocoli ! Érectus doit d’autant plus se retourner dans sa tombe que certains de ses ancêtres adoptèrent déjà ce régime alimentaire exclusivement végétal.

Il y a deux millions d’années en effet, la grande famille des australopithèques se divisa en deux branches principales. L’une choisit de consommer des nourritures globalement moins coriaces, dont la viande, et inventa les recettes de cuisine et les chefs étoilés pour les apprêter. L’autre s’orienta vers toujours plus de végétaux, racines et tubercules excluant toute origine carnée. La première vit la taille de ses dents diminuer, ses mâchoires s’alléger, ses muscles masticatoires rétrécir et son cerveau gagner en volume et en capacités cognitives. La seconde, dite paranthrope, vécut la métamorphose inverse. La fameuse Lucy en est l’un des plus beaux spécimens.

Hélas, l’Évolution se révèlera impitoyable envers elle. Tandis que ses cousins carnivores donnaient naissance au genre Homo, sa parentèle directe déclinera au point de disparaître. Le même destin attend-il nos végétariens et autres "vegans" ? La nature aurait-elle conçu ce stratagème pour limiter à son insu la surpopulation de la race humaine ? L’avenir du futur le dira peut-être.

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Commentaires
C
En réponse à Mimi, Loulou le Filou, au Vieux Bougeon,<br /> <br /> je ne suis pas (encore !) végane, mais végétarienne (miel, fromage, coquillages, et oeufs) depuis plus de 50 ans, eh oui, le temps passe ...après avoir notamment vu LE SANG DES BETES de Georges Franju. Refuser de se nourrir de chair animale n'est pas une "nouvelle" religion, mais une approche philosophique et éthique de la vie.Déjà dans l'Ancien Testament, Esaïe, chap. 11:6-9 prédisait un paradis où le loup et l'agneau paîtraient ensemble, le lion comme le boeuf mangerait de l'herbe ... <br /> <br /> A propos de l'élevage, la tradition ou le caractère ancestral d'une pratique ne sont pas gages de moralité. Esclavage, sexisme, et racisme sont aussi des traditions bien anciennes, et pour citer Gandhi, végétarien, "l'oppression, c'est pas bien".<br /> <br /> J'imagine qu'en mangeant de la viande, vous ne faites pas délibérément acte de militantisme visant à ce que les troupeaux de ruminants perpétuent le façonnage des paysages, car ce qui importe, ce sont vos papilles, alors que dans la perspective d'une transition veg, les animaux y vivraient libres et heureux de toute exploitation et sous la surveillance bienveillante de nouveaux bergers payés par les collectivités, les moutons seraient forcément tondus ... les poules mourant de vieillesse, les oeufs deviendraient un aliment rare et précieux ! <br /> <br /> A l'évidence, plus on mange végétale, moins on contribue à la souffrance animale, à l 'exploitation des terres pour les nourrir, à la détérioration des éco-systèmes et en ce sens, la jeunesse visionnaire actuelle a pris un temps d'avance sur les erreurs, us et coutumes de leurs aînés ...L'empathie et la générosité ont leur raison, loin de tout gourou..<br /> <br /> En attendant une société plus pacifique et révolutionnaire dans son mode de vie, libre à chacun de fêter le boudin ! <br /> <br /> Bonne soirée étoilée.
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C
A la différence d'un viandart, qui ne se pose pas de question philosophique quant aux mets qu'il incurgite aveuglément par gôut et tradition, un végétarien ou un végan refuse la chair animale au nom de l'éthique, tout comme le préconisèrent notamment Pythagore, Socrate, Platon, Virgile, Sénèque, Horace pour ne citer que les Anciens ! <br /> <br /> Dans ce sens, Plutarque écrivit dans un traité (extraits repris par Jean-Jacques Rousseau dans Emile :<br /> <br /> ... « Les panthères et les lions, que vous appelez bêtes féroces, suivent leur instinct par force, et tuent les autres animaux pour vivre. Mais vous, cent fois plus féroces qu'elles, vous combattez l'instinct sans nécessité pour vous livrer à vos plus cruelles délices. Les animaux que vous mangez ne sont pas ceux qui mangent les autres : vous ne les mangez pas ces animaux carnassiers, vous les imitez : vous n'avez faim que de bêtes innocentes et douces qui ne font de mal à personne, qui s'attachent à vous, qui vous servent, et que vous dévorez pour prix de leurs services »...<br /> <br /> Et pour Ovide, l'abattage des animaux mène à l'homicide humain.<br /> <br /> A chacun de réfléchir sur le sens de ses actes, foi de papilles !
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L
Et Michelin, le distributeur d'étoiles…
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M
Certains mangent certainement trop de viande. Je n'en mange jamais le soir sauf quelquefois du jambon. Par contre les végans sont une anomalie. Ils mangent bizarre et voudraient que tout le monde fasse comme eux en s'attaquant aux boucheries et en exigeant un rayon aux supermarchés. Ma fille s'est trompée un jour en achetant du fromage sans lait, c'est dégoûtant. <br /> <br /> On est en France. Qu'on nous laisse vivre avec nos méthodes ancestrales. On nous impose un rayon ramadan, un jour de cantine végétarien. Pourquoi pas un rayon diabétique et un autre pour les allergiques aux cacahuètes ou au sel? Ceux qui mangent normalement devront chercher.<br /> <br /> Je suis allergique aux huîtres. Je vais exiger qu'elles soient toutes retirées des poissonneries.
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