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Chroniques d'un vieux bougon
11 février 2020

Fièvre écolo.

fievre_ecolo

Nous sommes en février à l’époque où les enfants rêvaient de la semaine des quatre jeudis et où du lait leur était distribué dans les écoles. Le ciel était par-dessus le toit, si bleu si calme, mais la terre était dure sous leurs pas, l’herbe craquait et des étoiles se dessinaient sur les flaques d’eau gelée. Après une demi-heure de marche, ils atteignaient malgré tout la cour de récréation bien réchauffés et prêts à en découdre avec les apprentissages de la lecture, de l’écriture et du calcul. Le poêle au centre de la classe diffusait une douce tiédeur, les nez rouges s’éteignaient les uns après les autres et les engelures aux doigts laissaient un peu de répit aux petits campagnards qu’ils étaient. Un réchauffement climatique eut été alors bien accueilli. Il est devenu cause d’angoisse pour nos petits-enfants.

Le chauffage central, l’eau chaude à l’évier et dans la salle de bain chassent opportunément les festons de givre qui illustrèrent longtemps les fenêtres des habitations. Rares sont les enfants d’aujourd’hui à redouter les douloureuses gerçures aux mains et aux pieds qui déchiraient la peau, brûlaient les doigts gours et provoquaient des boiteries propices aux quolibets. Le froid n’est plus leur pire ennemi d’hiver. Comment pourraient-ils concevoir que le confort dans lequel ils vivent aujourd’hui n’est pas étranger aux dérèglements atmosphériques unanimement déplorés ?

Car il n’est pas de jour où ils n’en entendent pas parler, à table, en classe, au journal télévisé même s’ils le regardent d’un œil plus ou moins distrait, dans les dessins animés qui leurs sont dédiés ou à travers les unes des journaux aperçues ici ou là. Leurs parents les entraînent même parfois par de longues marches contestataires à travers les rues : sauvons le climat, sauvons la planète ! Comment pourraient-ils imaginer un monde futur merveilleux ?

Il n’est en effet question à longueur de journée que de bouleversements cataclysmiques. Voitures qui crachent du CO2, déchets plastiques qui étouffent les gentilles tortues, hausse du niveau des océans qui envahissent les plages, incendies qui ravagent les forêts, tuent les écureuils, les perroquets bleus et les koalas, glaciers qui fondent, sources qui se tarissent, cours d’eaux qui s’assèchent et sécheresses qui ajoutent des déserts aux déserts ! Et non seulement on impose dans leurs assiettes des haricots verts, des épinards et du chou brocoli au détriment des frites, des spaghettis et des gnocchis, mais on les abreuve d’alarmes catastrophistes : la Terre se meurt, la Terre est morte ! La dépression les guette.

N’est-ce pas d’ailleurs ainsi que la fameuse pythie Greta Thunberg aurait pris conscience de l’urgence d’agir contre le bouleversement climatique ? Nos petits-enfants doivent-ils en passer par là pour comprendre que leurs jouets aux couleurs chatoyantes doivent être bannis de leurs chambres au profit des jouets en bois par exemple ? Mais si les premiers ajoutent à la pollution, les seconds épuisent les forêts ! Il suffirait dit-on de compenser l’achat de chaque camion de pompiers en sapin par la plantation un chêne ! Mais où ? Mais comment ? Mille questions et mille contradictions qui surchargent allègrement les neurones de nos chères petites têtes blondes et alimentent chaque jour un peu plus leur anxiété.

D’autant qu’ils réaliseront probablement un jour ou l’autre que les tablettes, smartphones, ordinateurs et tous autres objets connectés dont les entourent leurs parents sont bien plus nocifs pour la planète que leurs poupées Barbie ou leurs bataillons de Play-mobil. Alors ils entreront en transes, pousseront des cris d’orfraie et descendront dans la rue pour accuser leurs géniteurs de leur laisser une planète agonisante. Sauront-ils relever l’immense défi de rétablir la belle ordonnance des choses naturelles ? L’avenir du futur est décidément pavé d’exaltantes perspectives.

(Suivre régulièrement les chroniques du vieux bougon en s’abonnant à newsletter)

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Commentaires
J
J'aime lire vos chroniques. Il y a un parfum de campagne qui me plonge dans des souvenirs d'enfance.<br /> <br /> Pour étayer votre chronique, je signale que deux orages sont passés aux portes de Berne, l'un à 19h00 et l'autre à 23 heures, jeudi 13 février. Du jamais vu.<br /> <br /> Je vous souhaite une bonne fin de semaine.<br /> <br /> Jean-Jacques<br /> <br /> Berne, le 15 février 2020
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L
Je partage le même optimisme que Loulou le Filou cher Vieux Bougon 😢
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L
Je pense qu'on ne va pas aller très loin dans le temps…
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M
J'étais comme ceux que tu décris au début, rêvant de voiture et de maison. J'étais heureuse sans le savoir.
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