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Chroniques d'un vieux bougon
11 juin 2021

Oradour sur Glane.

retro_11_juin

C’était le 10 juin 1944 à Oradour sur Glane.

Ce samedi 10 juin 1944 aurait pu être une journée ordinaire pour le modeste bourg d’Oradour sur Glane, en Limousin. Le soleil inonde la campagne, les vaches sont dans les prés où l’herbe est grasse, il y aura du foin cette année. Les femmes ont fait leurs emplettes habituelles au marché, à l’épicerie ou à la mercerie, leurs lieux de rencontres favoris avec l’église, préparé le repas et accueilli les enfants de retour de l’école. Tout le monde ou presque est d’ailleurs encore à table lorsque le maréchal-ferrant et le docteur échangent quelques mots à propos d’une cohorte motorisée de l’armée allemande remontant vers la Normandie où les alliés ont débarqué quatre jours plus tôt. Mais on ne s’en inquiète pas outre mesure ici. Les "Boches" seront bien trop pressés de gagner leur nouveau front pour s’attarder dans un village sans histoire !

Pourtant, vers 14 heures, un détachement du premier bataillon du quatrième régiment de Panzergrenadier "Der Führer" de la panzerdivision de la Waffen SS "Das Reich", se présente. Sous le prétexte de contrôler leur identité, ordre est donné aux habitants de se réunir sur la place du Champ de Foire. Après discussion avec le maire qui tente l’impossible pour protéger ses administrés, les femmes et les enfants sont conduits jusqu’à l’église. Les hommes sont regroupés et entraînés vers les garages, les granges et les remises. Le Stuhrmann führer, soi-disant à la recherche d’un dépôt de munitions, ordonne une perquisition. L’attente est longue. Assis dans le foin, les jeunes discutent à propos du match de foot prévu pour le lendemain. Les SS, armes sur l’épaule, semblent décontractés et chahutent entre eux. (La plupart ont entre 18 et 20 ans.) Les mitrailleuses dirigées vers les hommes représentent certes une vraie menace mais on n’imagine pas encore le pire.

Soudain, une détonation retentit. Les SS se ruent sur leurs armes et font feu. Ils tirent pour tuer. Hommes, femmes et enfants. Pas de survivants ! Ils recouvrent les corps des hommes de paille et de fagots et y mettent le feu. Dans l’église, ils disposent une caisse de fumigènes dans le but peut-être d’asphyxier les femmes et les enfants. À moins que ne soit pour ne pas voir leurs corps s’effondrer car ils ouvrent les portes et mitraillent à l’aveuglette. Le village est ensuite incendié, méthodiquement, maison par maison, hangars, remises, appentis. Dans sa rage meurtrière, la force brune ne veut pas laisser de traces. Lorsqu’ils reprennent leur route vers le nord, les SS abandonnent derrière eux 643 victimes. Une femme et cinq hommes en réchapperont malgré tout. Robert Hébras est l’un d’eux.

Interrogé par Laurent Borderie, il raconte, une fois de plus, les événements tels qu’il les a vécus dans un beau livre témoignage, "Avant que ma voix ne s’éteigne". « Lorsque je me promène ici, dit-il, je ne vois pas le même paysage que vous. Je vois un village intact, celui que j’ai connu, jusqu’au jour où les SS sont arrivés ». Et malgré l’émotion qui l’étreint à chaque fois, Robert Hébras parle. Il s’en est fait un devoir. Il parle aux jeunes des écoles, des collèges et des lycées français comme aux jeunes allemands, à celles et ceux qu’il guide à travers les ruines, à la radio, à la télévision. Il raconte encore et toujours. Simplement. Avec ses mots à lui. Comme on l’a vu en septembre 2013 raconter, une fois de plus, aux présidents François Hollande et Joachim Gauck l’enfer qu’il a vécu et le martyre de son village. Parce que, comme disait le Général de Gaulle, "il ne faut plus jamais qu’un malheur pareil se reproduise". ("Avant que ma voix ne s’éteigne", Robert Hébras, propos recueillis par Laurent Borderie, Elytel éditions / Centre de la mémoire d’Oradour sur Glane).

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L
Hommages aux victimes.
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