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Chroniques d'un vieux bougon
25 juin 2019

Un arbre, un banc, un livre.

7_livres

Un silence majestueux à peine ourlé du bavardage des oiseaux baigne la campagne. Après une journée trépidante sous la chaleur de l’été, il peut être doux de s’asseoir enfin dans la paix du soir et de laisser courir ses idées au fil de son imagination. On peut aussi prendre un livre et se laisser guider par les mots.

Voici quelques titres rencontrés au cours de l’année passée, quelques auteurs dont l’écriture transcende le quotidien avec bonheur, quelques histoires que l’on aurait pu vivre peut-être et quelques personnages qui, au fond, nous ressemblent un peu.

Chien loup de Serge Joncour aux éditions Flammarion. Deux citadins dans l’âme, lui producteur de cinéma et elle actrice, se réfugient pour tout un mois d’été dans une maison isolée de tout et perchée sur une colline pelée brûlée par le soleil. Elle espère trouver la paix et le silence. Lui s’affole de n’avoir plus aucun contact avec la civilisation du téléphone portable et de l’internet. Le poids des légendes locales remontant des siècles noirs du passé et tapissant d’effroi les paysages grandioses qui les entourent pèseront bientôt sur leurs épaules. (Chronique du 06.11.2018)

Les hirondelles sont immortelles d’Alain Mabankou aux éditions du Seuil. À Pointe-Noire, de chaque côté des rues cahoteuses qui conduisent aux décharges sauvages, s’étalent des parcelles surpeuplées et grouillantes de vie. Michel, collégien aux Trois Glorieuses, entre Papa Roger, employé à l’hôtel Victory Palace, et Maman Pauline, commerçante en bananes au Marché Central, aurait pu poursuivre entre étourderie et curiosité son apprentissage de l’existence. Les virées dans le quartier Voungou, la découverte des filles qui font des choses qu’il ne veut pas étaler ici autrement on va dire qu’il exagère toujours et les belles voitures des capitalistes qu’il achètera forcément un jour. Mais Alain Mabankou est roué et nous entraîne dans le tourbillon de l’un de ces inévitables coups d’état qui secouent l’Afrique depuis la décolonisation. (Chronique du 11.12.2018)

Un étrange pays de Muriel Barbery aux éditions Gallimard. Ses elfes nous emportent cette fois dans un ballet fantasque et capricieux, confus comme une forêt tropicale avec ses fougères arborescentes, ses lianes ensorceleuses et ses canopées perdues dans le ciel lorsque tout s’arrête et se fige. Un mot jaillit du chaos, secret comme un monde oublié et vaste à la fois comme un univers. Comme s’il contenait à lui seul tous les mots de tous les livres. Illisible d’abord comme une calligraphie antique mais limpide comme une eau de source, il emmène le lecteur par des chemins de traverse vers des territoires aussi lointains que les plaines chaotiques de l’Histoire. (Chronique du 08.02.2019)

L’Arbre monde de Richard Powers, traduction de Serge Chauvin aux éditions du Cherche Midi. Au cours d’une promenade en forêt, nous parcourons un monde en soi, avec ses habitudes, ses règles et ses multiples liens communautaires. Nous ne les voyons pas, nous ne les entendons pas, nous ne les sentons pas mais ils sont bien réels et bien vivants.  Hêtres, chênes ou châtaigniers, sapins, frênes ou bouleaux, noisetiers, églantiers ou ronciers échangent entre eux de mille façons mille informations sur la qualité de l’air, la pureté de l’eau et la richesse du sol ou sur l’approche d’éventuels prédateurs qui porteraient atteinte à leur croissance ou à leur survie propre ou collective. Tous sont associés et en harmonie, du champignon microscopique qui apporte nutriments et sels minéraux puisés dans le sol à la feuille qui transforme la lumière en composés organiques. Un monde en soi qui recouvre toute la planète. (Chronique du 08.03.2019)

Né d’aucune femme de Franck Bouysse aux éditions La manufacture du livre. Gabriel, modeste curé de campagne, subtilise à la requête d’une inconnue entendue en confession, un cahier dissimulé dans les hardes d’une morte de l’asile de fous voisin. Une certaine Rose y raconte les jours terribles qui suivirent son départ de la ferme de ses parents alors que son père venait de la vendre pour quelques pièces à un notable local. Elle avait quatorze ans et son avenir s’annonçait déjà rude. Il deviendra cauchemar avec la réclusion dans un manoir isolé et la trime du matin au soir au service des châtelains mais surtout à cause de la brutalité revêche du "maître" et la perversité de "la vieille", sa mère, impitoyable comme une écharde. (Chronique du 12.03.2019)

Braves gens du Purgatoire de Pierre Pelot aux éditions Héloïse d’Ormesson. Le monde des livres est injuste envers Pierre Pelot qui y mériterait une plus large place. Son écriture alerte et riche en couleurs nous entraîne cette fois dans le petit village de Purgatoire niché à la croisée des sommets vosgiens. Les habitants s'interrogent et la rumeur enfle. Maxime aurait assassiné sa femme avant de se suicider. Mais Lorena, leur petite-fille, n'y croit pas un instant et entend bien le prouver. Auprès de Simon, dépositaire de la mémoire des lieux, elle espère lever le voile sur l'histoire de la famille Bansher et les sombres secrets qui hantent leur vallée depuis près de cent ans.

Des mots, des phrases, des frissons, des inconnus si proches de nous, des paysages que l’on croyait connaître, des histoires où l’on aurait pu prendre une place. En un mot, des drames et des joies qui font notre humanité. Cette petite liste d'ouvrages peut par ailleurs s'augmenter grâce aux conseils du "Médiateur" et du "Peregerard". Car les livres-mondes nous aident à nous retrouver, à nous rencontrer et à nous comprendre.

(Suivre régulièrement les chroniques du vieux bougon en s’abonnant à newsletter)

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Commentaires
L
Cher Vieux Bougon, je découvre "Alma Rosé" dans une biographie époustouflante de Richard Newman (vous qui appréciez la musique...), "Le mythe de la virilité" d'Olivia Gazalé pour comprendre avec la philosophe ce phénomène socialement construit, "Dans le jardin des mots de Jacqueline de Romilly" pour réapprendre sa langue. Ces quelques idées ajoutées aux vôtres devraient permettre à votre lectorat un bel été littéraire ...
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A
Pierre Pelot est un de mes auteurs favoris. J'ai bien aimé ces braves gens du Purgatoire en dépit de l'enchevêtrement des liens unissant les multiples personnages mais j'avais adoré "C'est ainsi que les hommes vivent". Merci pour ces idées de lectures qui me semblent alléchantes.
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L
Merci pour ces idées de lectures.
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